Dimanche 8 février 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 8 Février 1880.
Mon cher Papa,
J’ai bien regretté Vendredi de ne pouvoir terminer ma lettre et j’espère qu’Emilie[1] se sera chargée de bien te remercier encore en mon nom et de te t’embrasser mille et mille fois pour moi.
Hier encore je voulais revenir auprès de toi mais cela m’a été absolument impossible ; nous avons vu le matin Mlle Jacobsen[2] puis à 2h nous sommes toutes sorties : Emilie pour aller avec Cécile[3] aux cours de chimie et d’anglais, tante[4] et moi, nous avons été chez Mmesde Fréville[5] et de la Serre[6] que nous n’avons pas trouvées, nous avons fait plusieurs courses, pataugeant au milieu d’une boue épouvantable et enfin à 4h nous étions à Saint-Roch où nous avions donné rendez-vous à M. de Fréville[7] pour aller avec lui faire des visites dans la famille ; ce projet a été mis à exécution, nous avons pris une voiture et nous avons successivement été chez toutes ces dames que nous avons toutes rencontrées ; on a été très aimable et très content je crois de faire la connaissances de M. de Fréville.
Mardi prochain nous aurons à dîner les Paul Target[8], les Lafisse[9], M. et Mme Villermé[10], Mme de Fréville, et le soir tante a demandé aux autres personnes de la famille[11] de venir afin qu’on se voie un peu ; nous aurons aussi les Brongniart et les Berger. Tante a pensé que cela ferait plaisir à Marie et à Hélène[12] et en effet ce matin nous avons reçu un petit mot de Mme Léonce[13] acceptant l’invitation ; du reste nous n’avons pas encore vu nos amies toutes nos journées sont si remplies que nous n’avons pu aller jusqu’à la rue de Milan[14] et elles de leur côté n’auront sans doute pas eu le temps de venir ici, c’est un véritable petit voyage. Hier encore M. de F. a dîné avec nous et le soir nous avons classé par ordre alphabétique toutes les cartes reçues au jour de l’an qui vont servir à recomposer le livre d’adresse, c’était comme tu vois un travail très occupant et qui nous a tenus jusqu’à 10 heures ; dans la journée M. de F. était retourné chez notre futur propriétaire M. Cauderon[15] et avait enfin dit que nous prendrions le pavillon, on va s’occuper maintenant de rédiger le bail ce qu’il faudra faire avec soin car je crois entre nous soit dit qu’il ne faut se fier qu’à moitié à ce brave homme ; il nous donnera la maison vers le 20 Mars afin qu’on puisse de suite commencer les travaux nécessaires. Nous parlons constamment maintenant de notre future installation, nous sommes ravis de notre maison qui paraît si gaie, si gentille et si bien distribuée ; il me semble qu’on ne doit entendre absolument aucun bruit dans ce petit coin-là, et puis le jardin nous enchante, malheureusement presque tous les arbustes ont été gelés cet hiver et nous serons forcés de planter des volubilis ou des haricots pour nous cacher un peu ; je me réjouis bien, mon Père chéri de te montrer ce petit cottage que nous allons avoir grâce à toi, je crois vois-tu que nous y serons tout à fait bien et heureux, si tu savais comme je suis contente ! Adieu, mon Papa chéri, chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime, j’espère bientôt recevoir une lettre de toi, je ne puis croire qu’il n’y a que 8 jours que tu nous as quittés.
ta petite Marie.
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Mlle Jacobsen, maîtresse d’allemand.
- ↑ Cécile Besançon, bonne des demoiselles Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Marcel de Fréville, fiancé de Marie Mertzdorff.
- ↑ Paul Louis Target et son épouse Victorine Duvergier de Hauranne.
- ↑ Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
- ↑ Louis Villermé et son épouse Antonie du Moulin de La Fontenelle.
- ↑ 18 personnes en tout d’après la lettre du 11 février.
- ↑ Marie et Hélène Berger (les « amies »).
- ↑ Julie André, épouse de Léonce Berger.
- ↑ La rue de Milan est une rue du 9e arrondissement de Paris, rive droite.
- ↑ Émile Cauderon.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 8 février 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_8_f%C3%A9vrier_1880&oldid=42783 (accédée le 21 novembre 2024).
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