Dimanche 5 septembre 1915
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Wimereux)
29, RUE DE SEVRES. VIE[1]
5 Septembre
Mon cher Louis,
Je t'envoie une carte arrivée pour toi de Michel[2] dont nous avons été heureux de prendre des nouvelles au passage. Il doit être content de retourner à une Batterie et le voilà enfin de nouveau pourvu d'un secteur postal.
Ta dépêche nous est arrivée seulement ce matin et nous a satisfaits en nous fixant sur tes projets. Tu nous trouveras encore ici Mercredi. Hélène[3] parle de venir la semaine prochaine à Brunehautpré mais par le même courrier ta tante de Fr.[4] m'écrit qu'H. est assez enrhumée, toujours très fatiguée et qu'il semblerait plus prudent de ne pas lui laisser entreprendre un long voyage, surtout avec le refroidissement si sensible de la température. Si elle se décide à aller à Brunehautpré je partirai avec elle, très contente d'avoir une raison de décider le voyage, sinon je resterai encore ici tant que ton père[5] y sera tenu ; peut-être va-t-il être obligé d'aller encore à Lyon. Aujourd’hui il est allé voir Guy de Place dont nous avons appris hier le passage à Amiens. Une bonne conversation avec Guy pourra lui faciliter certaines décisions vraiment bien embarrassantes et mettre dans une certaine mesure sa responsabilité à couvert.
Pierre[6] a passé ici le temps de dormir, d'entasser beaucoup de choses dans un sac et d'oublier son sabre et son révolver qu'il a demandés le soir par dépêche, une dépêche qu'il pouvait se dispenser de signer, car il faut être Froissart....
Dis à Lucie[7] que j'ai eu ce matin la visite de M. Didry[8] et de Jean[9] ; je les ai invités à dîner demain avec tante Marthe[10]. Ils partent Mardi pour passer 15 jours à Hazebrouck.
Je pense que vous avez vu hier ou verrez aujourd'hui Maurice Vandame. Il lui a été confirmé par un M. Brabant ayant reçu une lettre datée du 21 Juillet, que M. Vandame[11] et M. Scalbert[12] étaient bien revenus à cette date.
Jouis bien de ton petit séjour à W.[13] qui sera un plaisir pour toi, pour Lucie aussi, je n'en doute pas, et pour les enfants[14] ; sans parler de tes pectoraux qui vont se dilater à l'air vif de la mer. Peut-être vaudrait-il mieux ne pas trop les dilater pour que le conseil de révision te laisse le temps de passer ta licence ?... on ne sait ce qu'il faut souhaiter. Ton papa d'ailleurs fera son possible pour que ta réforme soit maintenue jugeant pour ton physique, autant que pour tes études, une prolongation désirable. Je pense que tu as étudié dans le télégramme du 3 tout ce qui concerne ton cas. Charge-toi de transmettre à Lucie toutes mes amitiés et garde pour toi toute ma tendresse. J'embrasse à la ronde tout le petit peuple. Anne Marie a-t-elle deviné mes charades ? j'espérais qu'elle m'en enverrait de sa façon. C'est une grosse paresseuse.
EM
Notes
- ↑ Papier à en-tête.
- ↑ Michel Froissart.
- ↑ Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
- ↑ Marie Mertzdorff, veuve de Marcel de Fréville.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Pierre Froissart.
- ↑ Lucie Froissart, épouse d’Henri Degroote.
- ↑ Probablement Jules François Didry.
- ↑ Probablement Jean Didry, fils de Jules François.
- ↑ Probablement Marthe Degroote, épouse de Jules François Didry.
- ↑ Probablement Georges Vandame.
- ↑ Probablement Pierre Scalbert.
- ↑ Wimereux, station balnéaire du Pas-de-Calais.
- ↑ Anne Marie, Suzanne, Georges et Geneviève Degroote.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 5 septembre 1915. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Wimereux) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_5_septembre_1915&oldid=56856 (accédée le 7 novembre 2024).
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