Dimanche 30 juin 1918

De Une correspondance familiale


Lettre de Damas Froissart (Bordeaux) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

original de la lettre 1918-06-30 pages 1-4.jpg original de la lettre 1918-06-30 pages 2-3.jpg


Bordeaux   le 30 Juin [18]

Mon cher Louis,

C’est dimanche 30 Juin. Il est 22h. Ta mère[1] m’a appris que la 1ère citation (qui s’était fait tirer l’oreille) est venue, et bien que tu ne lui en aies pas donné le texte, je veux te dire que je suis très fier de toi, très fier pour toi. Tu pourras aborder la tête haute, le pays de ta mère[2] si c’est là que [de G  ] tu t’es rendu, et, non moins fièrement, le [p   ] si c’était cette [direction], en sens contraire, que tu avais suivie.

Tu vois que Bordeaux est une ville comme une autre où le buvard au lieu de boire l’excès d’encre, l’étale lamentablement.

Mais il y a plus que cela à Bordeaux : il y a des têtes qui sont aussi récalcitrantes à Comprendre, à avoir le sens de ce qui est dû à un officier en retraite après 37 ans de service, officier qui a condescendu à ne pas [ ] du Pas-de-Calais [  ] que désire garder le chef de la mission des Etats unis[3] auprès de Douglas Haig. Je suis ici en instance depuis 8 jours (aidé d’ailleurs par un mot de notre colonel américain, à un [notable] américain de l’[  ]) pour ravoir un immeuble (château du Bourdieu) qui est réquisitionné ! et il y a 8 jours que je me heurte à une force d’inertie systématique qui produit le même résultat que la résistance ouverte

J’espère que je finirai par ravoir la maison réquisitionnée, mais [c’aura été] très dur.

Tu as appris la mort de ce pauvre Maurice Vandame, tué à Lassigny : il n’aura échappé au 1er péril à Tergnier[4] (Il était en permission) que pour tomber dans un second à Lassigny.

Tous mes vœux pour que Dieu et Saint Louis continuent à te protéger.

Mille amitiés.

D. Froissart


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
  2. L’Alsace (et plus précisément la région de Thann).
  3. Robert Bacon.
  4. Tergnier dans l’Aisne, disputé entre les deux armées et détruit en mars 1918.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 30 juin 1918. Lettre de Damas Froissart (Bordeaux) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_30_juin_1918&oldid=53644 (accédée le 27 avril 2024).

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