Dimanche 30 janvier 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


original de la lettre 1876-01-30 pages 2-3.jpg


Morschwiller 30 Janvier 1876

Ma bien chère Aglaé,

J’ai reçu hier soir ta bonne lettre et me suis empressée d’en faire la copie que j’ai envoyée à mon neveu Paul[1] afin qu’il puisse juger des dispositions favorables que présente à présent son affaire. Notre pauvre Paul était, je crois, un peu découragé et ta bonne lettre va le remonter. Je ne doute pas qu’il fasse de suite des démarches pour obtenir un congé, seulement il y a pour cette demande des formalités à remplir qui pourront prendre un certain temps. Dès que j’aurai reçu sa réponse à ma lettre, je m’empresserai de te la transmettre. Je me dis que ce serait un mariage bien assorti que celui de Paul avec Mlle Mathilde[2], tous deux possédant des qualités qu’on trouve rarement réunies à ce degré. Mon neveu Paul que j’ai suivi dans la vie a toujours eu cette ligne droite de conduite dégagée de toute affectation, faisant le bien et le cachant, ayant de la bienveillance mais une bienveillance accompagnée de fermeté et de jugement.

Chère bonne Aglaé combien je suis touchée de tout ce que tu fais pour nous ; mon bon Paul partage bien nos sentiments à ton égard, il est plein de reconnaissance en songeant à toi. Depuis plusieurs semaines nous sommes sans nouvelles de mon frère[3], mon mari[4] lui a écrit aujourd’hui pour lui faire part de ta bonne lettre et l’engager à aller te voir. Aujourd’hui Dimanche nous nous proposions d’aller dîner chez Charles[5], mais nous avons craint le froid pour le retour, nous irons chez lui au premier beau jour c’est te dire que mon mari va bien, mais il faut agir avec précaution surtout à cette époque-ci de l’année.

J’envoie mes meilleures amitiés à Madame Dumas[6] que j’accompagne de mes vœux ainsi que le cher petit Jean que nous aimons tant. Espérons qu’un climat doux sera aussi favorable à la bonne mère qu’au cher enfant.
Embrasse bien fort pour nous nos chères petites[7] que nous suivons sans cesse par la pensée. Quel bonheur ce sera pour nous de les revoir et de revoir nos chers amis.
Adieu ma bien chère Aglaé, notre vie solitaire et retirée ne donne pas matière aux longs récits, je te quitte donc mais auparavant je t’embrasse comme je t’aime et te charge d’être l’interprète de nos meilleurs sentiments auprès de ton bon mari[8] et de tes chers parents[9].

Félicité Duméril


Notes

  1. Paul Duméril, pour qui des projets de mariage sont faits.
  2. Mathilde Arnould.
  3. Charles Auguste Duméril, père de Paul.
  4. Louis Daniel Constant Duméril.
  5. Charles Mertzdorff, à Vieux-Thann.
  6. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, mère de Jean Dumas.
  7. Marie et Emilie Mertzdorff, ses petites-filles.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 30 janvier 1876. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_30_janvier_1876&oldid=51731 (accédée le 22 décembre 2024).

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