Dimanche 28 août 1791
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
N°11
Rouen ce 28 Août 1791
Papa,
Mme Thillaye[1] croyant encore son mari à Amiens lorsque sa lettre et la mienne arriveront, vous l’adresse pour lui faire tenir ; si elle n’arrivait qu’après son départ elle vous serait obligée de la faire passer à M. D’Eu[2] qui se chargera de la lui faire remettre. Quelles nouvelles à Amiens ? On débite ici : qu’il y est tombé une grêle si forte, qu’on compte pour cent mille écus de carreaux cassés ; que chez M. Mathon on en compte 400, c’est sûrement une multiplication. Etes-vous toujours bien occupés, je le crois. Comment va mon oncle[3] ? il y a longtemps que j’en ai eu de nouvelles ainsi que de toute la famille. J’ai écrit à M. D’Eu et je lui ai demandé fort honnêtement que s’il n’avait pas disposé de ses gros morceaux de pétrification etc. enfin de tout ce qu’il n’avait pas envie de faire transporter, il voulût bien faire dire à Désarbret[4] de les faire enlever. Je vous prie d’avoir soin, s’il y a quelque chose, de le faire mettre dans un endroit fort sec et où cependant il n’y ait pas beaucoup de jour, mais j’ai beau chercher, je ne vois pas d’autre endroit que dans une maie à pétrir qui pourrait être dans le grenier au-dessus de la Sacristie.
Je ne m’ennuie point ici. Je vois du monde et je m’aperçois que le temps est précieux. Je dînerai mardi chez le premier grand vicaire de la Cathédrale[5] ; je suis fort bien dans ses papiers, c’est un Botaniste, il voudrait que je sois toujours chez lui ; hier encore il voulait me faire rester dîner avec un ancien Bénédictin de Noyon[6], qui est on ne peut plus instruit dans tous les genres et que je vois souvent. Il ne passe pas de fois devant la boutique qu’il ne me dise un mot en passant.
Mme Thillaye demandait hier à ses enfants ce qu’ils voulaient que leur papa leur rapporte : une Toupie de Caen se sont-ils écriés et Mme m’a demandé si l’on en vendait à Amiens ; je lui ai dit que oui mais qu’on les appelait des toupies creuses. Si vous pouviez en avoir une ou deux, cela leur ferait le plus grand plaisir. Vous devez le faire car avant-hier passait la plus jolie petite armoire, de hasard Mme s’est aperçue qu’elle me faisait plaisir ; j’étais à causer avec le grand vicaire en question, je fus fort étonné en montant en ma chambre de l’avoir dans une place qu’on lui avait faite. Si vous ne m’écrivez pas faites-le faire par quelqu’un pour que du moins j’aie des nouvelles. Si monsieur Thillaye est encore à Amiens, il écrira par M. d’Eu à Mme à son départ. Profitez de l’occasion et faites donner des nouvelles à votre fils.
Constant Duméril.
P.S. Faites, s’il vous plaît, ressouvenir à Maman[7] que j’ai l’étourderie d’oublier que je la prie de remettre à M. Thillaye les morceaux dont je lui ai parlé dans une lettre d’avant-hier. Le fils cadet de M. Thillaye désire un fusil.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 55-57
Pour citer cette page
« Dimanche 28 août 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_28_ao%C3%BBt_1791&oldid=62095 (accédée le 12 décembre 2024).
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