Dimanche 25 octobre 1812

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Orléans)


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215 Q

Paris 25 Octobre 1812

Reçois mes remerciements mon bon ami pour les deux bonnes lettres que j’ai reçues de toi depuis la dernière que je t’ai adressée, et que tu n’auras probablement pas reçue si tu n’es pas repassé par Tours pour aller à Orléans, le plus grand inconvénient de la chose est que tu seras un peu longtemps sans avoir de nos nouvelles. Je présume que celle-ci t’arrivera demain ou après au plus tard, Tu auras donc encore le temps de me répondre à quelques questions que je vais te faire, je voudrais agir de la manière qui te sera la plus agréable, et d’abord pour mon retour chez moi je ne sais trop que faire, quant à la manière de m’y transporter[1] M. Deneux ne croit pas qu’il y ait d’inconvénient, si je ne me sens pas souffrante, de faire le trajet en cabriolet ; si au contraire je n’étais pas bien, Mme de Prunelé a offert sa voiture dormeuse avec tant d’empressement sans que Papa dît rien qui amenât cela et dans un moment où il n’avait pas encore question de moi, que nous pourrions l’accepter sans la moindre indiscrétion.

Je pense donc que tu ne verras pas d’inconvénient à ce que je ne détermine la manière d’aller que lorsque je verrai d’après la manière dont je me sentirai au moment de quitter mes Parents. Maintenant je voudrais savoir ce que tu préfères de me trouver à l’estrapade à ton arrivée ou de venir me prendre ici ; dans ce dernier cas tu verrais tout de suite toute la famille, et tous auraient du plaisir à te voir tout dès ton retour. Mais si tu peux arriver le 31 comme tu me le fais espérer, mais et que ce ne soit que le soir, trop tard pour venir me voir ici, je présume que tu aimeras mieux me trouver chez toi, dans ce cas je ferai mon trajet dans la matinée accompagnée de maman qui dînerait avec moi, et attendrait peut-être même que tu fusses arrivé pour me quitter. Dans tous les cas comme ta lettre n’arr ne m’arrivera peut-être que le 31 ; dès le matin de ce jour-là j’enverrai Cécile[2] en fiacre avec les paquets, pensant que si tu viens me prendre tu auras bien assez de ce paquet-là ; je ne crois pas cependant que tu me trouves très grossie, je n’en suis pas moins terriblement lourde.

Tu sais que lorsque j’acceptai l’offre de mes Parents de venir passer ici le temps de ton absence, je dis à maman que c’était à condition qu’ils voudraient bien accepter une petite pension pour le temps que je passerais avec eux, Maman me dit qu’elle en parlerait à Papa et la chose en resta là. Depuis je n’ai pas eu d’occasion de la ramener la chose, il n’a donc été rien dit de plus sur ce sujet et je n’en parlerai maintenant qu’au moment de partir, Je ne sais ce qu’il convient le mieux, que ce soit toi ou moi qui règle cela avec mon Père, et dans le cas où tu désireras que ce soit moi, en réglant la dépense du cheval, si tu crois que ce soit 200ll ou moins qu’il faille lui offrir, 200ll feraient à peu près 5ll par jour. Quant aux domestiques je pense leur donner 15ll à chacun comme l’année dernière, mais peut-être devrais-je donner 5ll sous de plus à la Bauchet comme étant celle à qui notre séjour a occasionné le plus de soins. Mes Parents avaient dans la pensée de chercher à t’engager à me laisser auprès d’eux jusqu’après ma couche, mais quoique je sente bien combien il me serait agréable d’être entourée ainsi pendant ce temps-là et qu’il leur serait bien commode de n’avoir pas toutes ces courses à faire, qui encore leur laisseront le regret de ne pas être autour de moi autant qu’ils le voudraient je leur ai démontré que la chose n’était guère possible, et ils sentent bien aussi toutes les bonnes raisons que tu aurais à alléguer contre leur désir.

Tout en causant me voilà prise par l’heure au point qu’il faut que je me hâte de te quitter, je t’écrirai encore une fois, si tu as reçu ma précédente lettre tu auras vu que j’ai été un peu souffrante mais je suis bien ces jours-ci, les yeux de François[3] vont mieux ; Constant[4] est parfaitement. tous t’envoient leurs amitiés. Adieu excellent ami je t’embrasse tendrement

A.D.


Notes

  1. Alphonsine, enceinte, s’est provisoirement installée rue Favart chez ses parents (Daniel Delaroche et Marie Castanet). Elle vit habituellement rue de l’Estrapade. Voir les adresses de la famille Duméril.
  2. Cécile, domestique chez les Duméril.
  3. Etienne François Delaroche, frère d’Alphonsine.
  4. Louis Daniel Constant Duméril, leur fils.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 129-132)

Annexe

 A Monsieur
Monsieur Duméril, Président des Jurys de Médecine
Hôtel du Loiret
à Orléans

Pour citer cette page

« Dimanche 25 octobre 1812. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Orléans) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_25_octobre_1812&oldid=61612 (accédée le 21 novembre 2024).

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