Dimanche 20 mars 1881
Lettre de Charles Mertzdorff (Paris) à ses beaux-parents Félicité et Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)
Dimanche matin 20 Mars 81
Mes chers parents.
Par Léon[1] vous savez que nous avons une petite fille[2] parfaitement bien portante& jusqu’à présent au dire de sa petite maman[3] très sage.
Toujours d’après elle la petite Jeanne a bon appétit elle aime l’eau sucrée & par-dessus tout elle a déjà tété au grand bonheur de Marie.
Marie a une mine superbe dans son lit est très gaie & si on la laissait faire, elle bavarderait tout le temps.
C’est hier à 1½ h du soir que l’enfant est arrivée, après de grandes souffrances, mais qui n’ont pas trop duré. Les pertes sont insignifiantes, le Médecin Bailly[4] très satisfait vous jugerez que nous sommes tous heureux.
La bonne sœur qui soigne & la maman & l’enfant est parfaite l’on voit qu’elle a une grande expérience & j’espère qu’elle habituera & l’enfant à ne pas trop réveiller sa mère la nuit.
Hier au soir le Docteur a permis à Marie de manger un bon potage & un œuf, ce n’est pas la diète comme on le fait trop souvent & je crois que pour Marie cela est nécessaire de se nourrir.
Par ordre de Marie j’ai dû acheter hier un pèse-bébé & dès ce matin l’on a constaté qu’il pesait 3 050 grammes vous voyez que ce n’est encore qu’un tout petit personnage dont l’on parle beaucoup mais qui n’occupe pas une grande place dans l’espace.
Il me serait bien difficile de vous faire le portrait de la petite chérie elle est si bien emmailloté que l’on a de la peine à la voir. tout ce que l’on en dit c’est qu’elle a un grand front & de grands yeux.
Émilie[5] est bien contente d’être tante, la pauvre fille est restée bien des heures toute seule à suivre ses leçons, pendant que sa tante[6] était auprès de Marie. Aussi a-t-elle trouvé la journée bien longue. Ce matin nous sommes tous rue Cassette d’où je vous écris & tous très heureux de tout ce que nous voyons.
Marie n’a pas l’ombre de fièvre encore ce sera sans doute pour demain, du reste d’après le Docteur Bailly il n’y a pas de maladies épidémiques à Paris comme il y en a souvent ; le temps est tout à fait doux et beau.
Nous tâcherons de vous tenir bien au courant de ce que fait notre chère enfant en attendant Émilie me charge bien de vous embrasser. Je me joins à elle vous priant de me croire votre tout affectionné
ChsMff
Je vous aurais volontiers envoyé une Dépêche, mais la maison était bien occupée & je n’aurais pas su trouver dans le quartier Saint-Sulpice le bureau.
Notes
- ↑ Léon Duméril, fils des destinataires.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville.
- ↑ Émile Bailly.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 20 mars 1881. Lettre de Charles Mertzdorff (Paris) à ses beaux-parents Félicité et Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_20_mars_1881&oldid=39484 (accédée le 15 novembre 2024).
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