Dimanche 1er août 1886
Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris), à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature au bord de la mer)
1er Août 86[1]
Quelle gentille lettre tu m’as écrite, ma chère grande sœur, et comme elle a bien su trouver le chemin de mon cœur pour lui faire sentir une fois de plus combien il était doux d’avoir autour de soi de telles affections ; ce que tu me dis est si vrai, je sens si bien que nous allons devenir plus sœurs que jamais, que cette pensée augmente encore le bonheur déjà si grand que j’éprouve. C’est si bon de penser que nous serons tous à l’unisson et que nos liens ne feront que se resserrer. Marcel[2] t’aura dit, ma petite Marie chérie, que le rêve que nous avions formé à Launay semble vouloir se réaliser. Y avait-il quelque chose de moins vraisemblable que cette mise en vente de la Gandonnière et cependant à peine le vœu était-il formé que déjà le voilà qui paraît vouloir être exaucé. Maman[3] a reçu hier tous les papiers et renseignements demandés au notaire et je serais bien étonnée maintenant si quelques difficultés survenant, Oncle[4] [ne revenait] pas de Launay (où il compte aller cette semaine) ayant définitivement terminé l’affaire. Comme je serai contente si la conclusion est celle que nous espérons ! J.[5] ne sait encore rien. Je me fais une fête de lui apprendre notre bonne fortune et cependant je n’aurais pas eu le courage d’attendre la réussite pour lui tout raconter si on n’avait mis un frein à mon impatience en me conseillant de ne pas troubler son travail par cette perspective. Je vous souhaite Hamilly[6] de plus en plus, mes bons amis, puisque les souhaits portent bonheur. Notre départ pour Allevard aura lieu le 9 ou le 10. Je crois qu’Oncle et Tante[7] partiront en même temps que Tante Cécile[8] et moi ; malheureusement, Mère ne se décide pas à venir ; il m’en coûte bien cependant de la laisser ainsi tellement seule, mais tu sais qu’il n’est pas facile d’obtenir d’elle ce qu’elle croit mieux de ne pas faire. J’ai eu beau faire, je n’ai rien gagné.
Les vacances de Jean commenceront le 10 ; je crois qu’il ira à Allevard sans passer par Paris. Comme je regrette que vous ne veniez pas nous y rejoindre.
Adieu, ma petite Marie chérie, je t’embrasse aussi tendrement que je t’aime en te chargeant de mes meilleures amitiés pour Marcel. Charge-toi, je te prie, de mille choses aimables pour Henriette[9], et embrasse pour moi ton cher trio[10] sans oublier la petite Suzanne.
Marthe
J’ai vu Émilie[11] hier, elle était levée et très gaie.
Mère me charge de t’embrasser très affectueusement.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Amilly dans le Loiret où les de Fréville chercheraient une propriété ?
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Probablement Henriette Baudrillart, épouse d'Albert David-Sauvageot, et mère de Suzanne David-Sauvageot.
- ↑ Les trois enfants : Jeanne, Robert et Charles de Fréville.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 1er août 1886. Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris), à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature au bord de la mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_1er_ao%C3%BBt_1886&oldid=53600 (accédée le 21 novembre 2024).
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