Dimanche 14 décembre 1890
Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
J’écrivais alternativement, ma chère amie, à Émilie[2] & à toi mais je crois bien que ces jours-ci j’ai passé ta lettre sous silence, en écrivant deux de suite à ta sœur & lui redonnant très probablement, les mêmes nouvelles. J’ai peur de devenir un peu g…g… pas autant que M. Scheurer pourtant, car on pourra maintenant compter les degrés de la stupidité humaine en le prenant comme point maximum.
Mais ce n’est pas tout cela que je veux te dire & je n’ai pas pris la place de Marthe[3] pour t’envoyer une dissertation sur les faits du jour. Cécile[4] est exactement comme elle était lors de nos dernières lettres, elle se sépare à regret de son ancienne peau, & a toujours une quantité de petits boutons dispersés sur tout le corps quoique les jambes en aient une plus grande part. le médecin[5] préfère qu’elle reste au lit tant qu’elle n’aura pas fait peau neuve & je crains que cela ne dure encore un certain temps. Elle a été enchantée du paquet d’images qu’elle a reçu hier & me charge de t’en remercier & de te dire qu’elle a déjà complété une feuille 1/2 ; Je pensais à revenir Vendredi & j’attends pour le décider que ton oncle[6] m’écrive s’il vient ou non ce jour-là. dans le cas où il serait libre, comme il reviendrait encore le Dimanche, je remettrais mon départ à Mardi. S’il me prévient trop tard, j’aurai peut-être un peu de peine à être prête. Il pleut sans désemparer & Dimanche ton oncle a fait une assez longue promenade à cheval sous un déluge accompagné de vent ! Aussi ne nous a-t-il parlé que Lundi matin de son accès de rhumatisme. Jean[7] aurait voulu reprendre une vie active mais que faire dans cette humidité constante ? Je suppose que ton mari[8] & Louis de la Serre[9] n’ont pas été enchantés de leur expédition. Qui sait pourtant ? les chasseurs ont des appréciations si différentes de celles des simples mortels. N’étant qu’une mortelle très simple j’aimerais fort un peu de soleil pour tous les éclopés de Launay. Adieu ma chère enfant & mille bonnes amitiés. Cécile embrasse très fort Marie Thérèse[10] que nous sommes tous contents de savoir en meilleur état.
CMED
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil, non datée, à situer probablement avant la naissance de Louise Marie Dumas (le 28 janvier 1891).
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
- ↑ La petite Cécile Dumas, fille de Marthe, deux ans.
- ↑ Probablement le docteur Ephraïm Souplet.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Louis Barbier de la Serre, 17 ans, neveu de Marcel de Fréville.
- ↑ Marie Thérèse de Fréville bientôt quatre ans.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 14 décembre 1890. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_14_d%C3%A9cembre_1890&oldid=53609 (accédée le 15 novembre 2024).
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