Dimanche 10 et lundi 11 juillet 1887

De Une correspondance familiale

Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à son fils Marcel de Fréville (Paris)


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10 Juillet 87

Mon cher Marcel, il y a bien longtemps que je ne t’ai écrit, mes bulletins sur les enfants[1] s’adressant plutôt à Marie[2]. Que je vous plains tous ! Je juge de votre anxiété[3] et de vos angoisses par les miennes qui, naturellement, sont moindres, mais cependant bien vives ! J’ai tant de sympathie et d’affection pour ce cœur si ardent, cette âme si élevée !

Nos chers petits vont très bien et ne me causent ni fatigue, ni même la moindre contrariété. and every body here is well. Je serais bien fâchée de résigner mes fonctions de maîtresse de lecture ou de lettres, les chers enfants sont bien trop gentils et obéissants avec moi pour que je les lâche. D’ailleurs, je crois bon de ne pas être toujours, et pour tout sous la même autorité. J’avais, heureusement, apporté des petites bêtes découpées qui servent de bons points et qui poussent au travail. A votre retour on chacun vous montrera sa feuille de bêtes.

Garde les 1250. Il est inutile de les porter à la Société Générale.

J’ai demandé à votre cuisinière si elle avait besoin d’argent ; je lui en avais donné du mien, mais elle m’a dit qu’elle n’en avait pas besoin, qu’elle ne payait rien qu’au départ. Oui, j’ai la clef pour la messe cela s’est arrangé tout seul et très bien. Jeannette[4], Marie[5] et Thérèse[6] à 7h, moi et Mlle de C.[7] à 8h. Louis[8], nounou[9] et ma Marie[10] à 10h. Oui the old nurse puts always too many things on the children but it is not the moment to change that. I could nothing for that since yourselves could not change her custom.

Ma petite protégée n’a pas à me parler en ce moment. Samedi j’ai pu voir sa tante, et le jeune homme et Dimanche je lui ai écrit. Elle m’a répondu une bonne lettre témoignant tant de raison et de sagesse que j’en suis toute satisfaite. Le bon Dieu, m’ayant empêchée de la voir, lui a envoyé un peu de plomb dans la tête.

Une lettre arrivée pour toi aujourd’hui a été expédiée par moi rue Cassette. Est-ce là ou chez moi[11] qu’il faut l’adresser, ou 14 rue Cuvier[12]. Je pense qu’au 57, il y aurait plus de chances de retards, et on a assez de papiers de toute sorte à y recevoir, et assez d’occupations !

Merci de m’envoyer chaque jour une dépêche, mes bons enfants, car on est bien malheureux de n’avoir pas des nouvelles récentes - et les lettres me donnent les détails. Quelle inquiétude est la vôtre ! Et ce pauvre M. Edwards[13], comment ne tombe-t-il pas malade de fatigue ?

11 juillet. Je reviens de la messe ; les enfants vont bien. J’espère corriger les dernières pages aujourd’hui. Où faut-il t’envoyer les feuilles ?

Mes amitiés,

S. de F.

Ta dépêche d’hier Dimanche me fait tant craindre.


Notes

  1. Jeanne, Robert, Charles et Marie-Thérèse de Fréville.
  2. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, est mourante.
  4. Probablement Jeanne de Fréville.
  5. Marie, employées par les Milne-Edwards ?
  6. Thérèse, employée chez les de Fréville.
  7. Mademoiselle de Castel, préceptrice.
  8. Louis, employées chez les de Fréville.
  9. Probablement Marie Gérard, nounou de Marie-Thérèse de Fréville.
  10. Marie, au service de Sophie de Fréville.
  11. Boulevard Saint-Germain à Paris.
  12. Au Jardin des plantes.
  13. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Dimanche 10 et lundi 11 juillet 1887. Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à son fils Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_10_et_lundi_11_juillet_1887&oldid=39281 (accédée le 4 octobre 2024).

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