Vendredi 6 octobre 1916 (A)
Copie ( ?) d’une lettre de Charles Zwingelstein (Bitschwiller) à Guy de Place (mobilisé)
Bitschwiller[1], le 6 Octobre 1916
Monsieur le Lieutenant G. de Place
Etat Major du G. P. A.[2]
Monsieur et cher Patron !
Je forme la présente pour vous communiquer une demande que la maison Schwob frères d’Héricourt vient de nous adresser en vue de pouvoir faire enlever une de nos machines à sécher à tambour. MM. Schwob frères, qui travaillent pour la Défense Nationale auraient besoin de cette machine pour pouvoir faire face aux exigences de l’Armée, qui les pousse à augmenter leur production. Avant-hier M. Schwob est venu me trouver à l’usine pour se renseigner sur nos machines à sécher. Je lui ai expliqué que toutes nos machines à sécher se trouvent avariées plus ou moins par les bombardements. M. Schwob s’est intéressé quand même pour notre machine à 16 tambours, qui a 5 tambours avariés, mais qui pourrait fonctionner encore très bien avec 11 tambours. Voici les propositions que M. Schwob nous fait. Nous pourrions leur céder la machine soit définitivement ou bien seulement jusqu’à la fin des hostilités. Dans ce dernier cas la machine nous seras restituée en bon état de suite après cessation des hostilités à un prix moitié de celui que la maison Schwob frères nous aurait payé. Les frais de démontage, de transport et de remise en place seraient portés par la maison Schwob. M. Schwob, qui m’a prié de soumettre ces propositions aux patrons, sera de passage à Paris, commencement de la semaine prochaine et il se permettra d’aller voir M. Froissart[3] à ce sujet.
Je trouve que la deuxième proposition est assez intéressante et mérite d’être examinée. En effet cet arrangement, tout en nous procurant un notable avantage pécuniaire, nous permettrait de soustraire le matériel aux risques du bombardement. Il y a seulement la difficulté concernant la constatation officielle des dégâts occasionnés à cette machine. Eventuellement aussi
T.S.V.P.
imposer à MM. Schwob frères l’obligation de faire les démarches nécessaires concernant cette constatation. En tout cas les cinq tambours avariés resteraient sur place. Voici les renseignements techniques sur la machine en question.
Une machine à sécher à 16 tambours avec chemises en cuivre. Diamètre 5.70 [m].Longueur utile 2.800 m.– [… à 3 vitesses (…)]. Elle est munie d’un régulateur de pression, d’une soupape de sûreté et de l’armature complète pour l’introduction de la vapeur aux tambours et l’évacuation de l’eau de condensation. Trois appareils extérieurs système Didier sont disposés à l’entrée et un plieur à la sortie des pièces. La machine est commandée par courroies par l’intermédiaire d’un renvoi de transmission.
La machine a été livrée en 1900 par la maison Muller-Fichter[4] à Thann
avec 12 tambours au prix de 19 000 F
4 tambours ont été ajoutés en 1910 3 100 F
3 appareils extenseurs Didier à 500 F 1 500 F
1 renvoi de transmission 250 F
16 800 F
Chez nous la machine a été actionnée par un moteur électrique monophasé de 3 [ ] à vitesse variable, tension 225 volts, 3 000 Périodes. M. Schwob n’a pas pu me dire si leur installation électrique permettrait l’emploi de ce moteur. Le moteur a une valeur de 800 F environ. MM Schwob s’intéressent aussi pour une machine à laver au large. Nous avons deux machines de ce genre. L’une est montée au Grand Blanchiment pour le traitement des marchandises délicates. Cette machine, qui a une largeur utile de 2.00 m et se compose de 4 compartiments a été livrée en 1903 par la maison Haubold au prix de 8 037 F.
L’autre machine, analogue à la précédente, était combinée avec la machine à merceriser [Weirboch] comme machine à neutraliser et à laver. Remplacée par l’appareil récupérateur [Matter] elle a été remontée quelque temps avant la guerre pour expérimenter un nouvel article [(Glesbatiste)]. Je proposerais de céder éventuellement cette dernière machine qui peut être estimée à la même valeur que l’autre.
à suivre
Suite
Dans le cas où ces Messieurs décident d’accéder aux propositions de MM. Schwob frères, je trouve qu’en fixant les prix il y aura lieu de tenir compte de l’augmentation des prix, que le matériel mécanique a subie depuis la guerre. Dans ces conditions je crois qu’il ne faudrait pas céder la machine à sécher (sans le moteur) à moins de 20 000 F malgré la réduction du nombre de tambours. Pour la machine à laver le prix de 12 000 F ne serait pas exagéré à mon avis.
J’écris en même temps à M. Froissart pour lui soumettre la question.
Je profite de l’occasion pour vous transmettre avec la présente un relevé du matériel qui nous reste encore sur chantier et que nous voulions vendre d’occasion déjà avant la guerre. Nous avons des amateurs pour ce matériel, entre autres une maison Gendre et Cie de Nancy, qui fait des commissions pour l’Armée. Les chiffres figurant sur la liste dans la colonne Prix de vente sont portés simplement à titre de propositions comme [pour] minima. Ils sont d’ailleurs sensiblement supérieurs à ceux qu’on avait admis avant la guerre.
J’ai porté sur la liste la dynamo à courant continu, qui a souffert des effets de l’incendie au grand bâtiment en ciment armé, où elle était remisée. Cette machine n’a pas été atteinte sérieusement et avec peu de frais on pourra la remettre en état. La maison Gendre s’intéresse aussi pour l’Alternateur triphasé, qui est carbonisé, et en général pour tous nos moteurs abîmés, mais je pense qu’il y aurait trop de complications pour céder ce matériel en raison de la constatation des dégâts.
Nous espérons pouvoir soumettre à ces Messieurs prochainement des offres sur ce matériel d’occasion.
Dans l’attente de vos instructions au sujet de la demande de MM. Schwob frères, je vous pris, Monsieur et cher patron, d’agréer l’assurance de mon respectueux attachement
signé CharlesZwingelstein.
[suivent, comme annoncé dans la lettre, 4 pages (reproduites en annexe) de description du matériel resté sur chantier]
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 6 octobre 1916 (A). Copie ( ?) d’une lettre de Charles Zwingelstein (Bitschwiller) à Guy de Place (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_6_octobre_1916_(A)&oldid=60636 (accédée le 21 novembre 2024).
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