Vendredi 6 avril 1860

De Une correspondance familiale


Lettre de Léon Duméril et sa sœur Caroline, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à leurs parents Louis Daniel Constant et Félicité Duméril (Paris)


original de la lettre 1860-04-06- pages1-4.jpg original de la lettre 1860-04-06- pages2-3.jpg


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Vieux-Thann 6 Avril

C’est avec bien grand plaisir, mon cher papa, qu’hier nous avons reçu une lettre de Paris quoiqu’elle ne fût pas si bonne que nous eussions pu l’espérer. Ce serait en effet un bien grand malheur pour ce pauvre bon-papa[1] s’il n’obtenait qu’une récompense honorifique car il faudrait alors changer son train de maison, ce qui est toujours fâcheux, mais ce qui est dur à son âge. Il ne faut pourtant point encore désespérer, et plus on met de temps avant de ne lui rien signifier plus aussi peut-être ce qu’il aura obtenu sera considérable. Si dans mes dernières lettres je ne t’ai pas parlé de l’emploi de mon temps, ce n’est pas oubli < > mais c’est que je n’avais rien à t’annoncer. Il y a quatre ou cinq jours Charles[2] m’a dit qu’il avait décidément l’intention de changer les cuves à vapeur pour les mettre à feu nu, il a lui-même fait deux projets qu’il m’a donnés en me disant d’en faire de mon côté. Il faudrait de plus autant que possible utiliser les petits générateurs qui se trouvent dans la cour. Ceci m’a demandé assez de temps et je n’ai pas encore fini. Quant à mon cahier de blanchiment j’y travaille encore, mais je le donnerai à Charles la semaine prochaine. Madame Zaepffel[3] a eu la bonté de m’inviter à aller à Colmar avec Caroline[4] et Charles, Caroline lui a répondu que nous partirions tous demain à midi. J’irai au petit hôtel où je suis déjà descendu et où on est fort bien à bon compte.

Il faut espérer que nous aurons beau temps, j’allais dire pour cette partie de campagne ; On se dépêche dans ce moment de faire finir les toilettes de Mademoiselle Mimi[5] pour que sa tante[6] n’ait rien à dire. Ta main que tu as encore un peu raide doit bien te gêner, mais nous espérons que les bains de carbonate sodique suivis d’une bonne gymnastique ramèneront bientôt bientôt toute la souplesse dans cet organe qui en a si grand besoin.

Adieu mes chers parents, je laisse la place à Caroline qui a aussi je crois l’intention de vous écrire aujourd’hui.

Votre bien affectionné fils

Léon

Ma chère maman

Dans la plus grande hâte je t’écris 2 lignes pour te remercier de tout ce que tu as bien voulu m’envoyer, tout me plaît infiniment et je suis bien contente d’avoir mon chapeau.

Tu apprendras avec plaisir qu’Emilie a eu la bonté d’inviter Léon qui nous accompagnera dans notre petit voyage, j’en suis bien contente, je n’aimais pas beaucoup le penser seul ici avec 2 bonnes[7] pour le service.

Tu seras aussi bien heureuse de savoir que Charles cause beaucoup avec Léon et qu’il m’a dit hier qu’il était content de lui, qu’il commençait à < >

Tu excuseras ce griffonnage mais je suis bien pressée, je veux encore écrire à Aglaé'[8]', nous avons plusieurs choses à finir, il faut aller à l’église, chez ma tante[9] lui porter ses affaires, donner un bain à Mimi à 4 h ½ et faire mes paquets car je ne puis pas beaucoup compter sur la matinée du jour où l’on part.

Au revoir donc ma chère maman, je crois que nous partirons le lundi 16'[10]', merci pour tes bonnes lettres. Si je ne t’écris pas de Colmar ne t’effraye pas, je tâcherai pourtant de le faire, nous reviendrons Mardi ou Mercredi matin.

Mimi est à souhait, je me fais une vraie fête de la mener à son parrain'[11]'.

Encore une fois adieu, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que papa  

Ta fille

Crol


Notes

  1. André Marie Constant Duméril, âgé de 86 ans, sollicite une pension de retraite (voir la lettre du 4 mars 1860).
  2. Charles Mertzdorff, beau-frère de Léon Duméril, associe celui-ci au travail de l’usine de blanchiment des étoffes.
  3. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel et sœur de Charles Mertzdorff.
  4. Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff et sœur de Léon.
  5. Marie Mertzdorff, fille de Caroline et Charles.
  6. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  7. Probablement Marie Martin et Catherine.
  8. Aglaé Desnoyers, amie parisienne de Caroline.
  9. Probablement Élisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel, oncle de Charles Mertzdorff.
  10. Un voyage à Paris est prévu en avril.
  11. Edgar Zaepffel est le parrain de Marie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 6 avril 1860. Lettre de Léon Duméril et sa sœur Caroline, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à leurs parents Louis Daniel Constant et Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_6_avril_1860&oldid=60135 (accédée le 24 avril 2024).

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