Vendredi 3 novembre 1876
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 3 9bre 76[1]
Mon Père chéri,
C’est demain le jour de ta fête et nous ne sommes pas avec toi pour t’embrasser ; il faut nous contenter de ce froid papier pour te dire ce que tu sais bien du reste, que nous t’aimons, que nous voudrions bien être toujours avec toi, et que nous pensons sans cesse à notre petit père chéri ; que te dirai-je encore ? tu sais ce que nous te souhaitons c’est toujours la même chose, j’aurais bien aimé t’offrir quelque chose de bien joli mais malheureusement j’en serais bien incapable ; je t’envoie un petit dessin que j’ai fait en grande partie seule entre mes leçons[2] je pense que, à cause de cela, il te fera plaisir car par lui-même il ne vaut pas grand-chose ; j’ai mis un temps infini à arranger le paquet (heureusement encore que tante[3] m’a aidée), et c’est pour cela que je suis si en retard.
O mon petit papa chéri comme je t’aime ! je voudrais pouvoir te le dire, te l’expliquer, te le montrer mais je ne le puis guère, comment te prouver mon affection, oh ! si seulement j’arrivais à ressembler à mes deux petites mères chéries[4] !
Emilie[5] t’écrit longuement, moi je t’ai déjà remercié hier de ta lettre et aujourd’hui je n’ai plus grand-chose à te dire je voulais seulement ne pas laisser passer le 4 Novembre ton qui a toujours été une si bonne fête pour nous sans venir t’embrasser le plus fort que je pourrai et te promettre de travailler de mon mieux à devenir une bonne fille comme tu le souhaites et comme maman la souhaitait si seulement je pouvais un jour vous récompenser un tout petit peu de tant de choses que vous avez faites pour moi et que je sens bien quoique je ne sache pas l’exprimer.
Il est l’heure de la poste encore bien vite un bon baiser,
ta fille qui t’aime de tout son cœur
Marie Mertzdorff
Notes
- ↑ Papier à lettre monogrammé MM.
- ↑ Leçons de dessin avec Marie Louise Duponchel.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Caroline Duméril, première épouse de Charles Mertzdorff et Eugénie Desnoyers, seconde épouse qui a élevé Marie et sa sœur.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 3 novembre 1876. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_3_novembre_1876&oldid=36008 (accédée le 15 novembre 2024).
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