Vendredi 3 décembre 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
3 Décembre 80.
Mon cher Papa,
Je n’ai sous la main que ce petit papier mais en serrant bien mes lignes il me suffira pour te dire que je pense beaucoup à toi, que je me réjouis de te revoir et que je t’aime de tout mon cœur. Voilà le plus intéressant et le plus important de ma lettre et cela ne m’a pris en effet beaucoup de place à écrire. Comment vas-tu, mon Père chéri ? Peut-être Émilie[1] a-t-elle reçu hier de tes nouvelles mais par exception je ne l’ai pas vue, je suis restée chez moi toute la journée et désormais cela m’arrivera tous les Jeudis, c’est le jour que je choisis pour recevoir mes visites ; je me réjouis à la pensée d’avoir forcément un jour pour rester à faire tranquillement mes petites affaires ici mais l’idée des visites m’amuse moins ; heureusement jusqu’à présent personne ne sait mes intentions. Hier j’ai eu M. et Mme Gosset[2] qui sont restés longtemps avec moi puis Mme Lafisse[3] est venue aussi ; à chacun je montre ma maison et l’on s’entend à dire que nous sommes admirablement installés ; c’est bien la vérité et c’est grâce à toi mon cher petit Papa aussi souvent en me sentant si bien chez moi je te remercie en esprit. Quand le petit Robert[4] sera là il ne nous manquera plus rien ; comme ce sera gentil de voir sa chambre occupée et d’entendre sa petite voix au fond de son berceau ! Je compte sur lui pour attirer son bon-papa[5] et pour le retenir longtemps auprès de nous ; je suis sûre que même si c’est une petite bonne femme elle saura gagner tes faveurs.
Il va bientôt falloir s’occuper de l’installation de cette bonne chambre du coin et dès que tante[6] sera bien nous procéderons à ces graves acquisitions. Cette chère Tante malheureusement n’est pas encore telle que nous la voudrions ; Mercredi elle a passé une grande partie de sa journée au lit et ne s’est levée que par raison ; son appétit n’est pas brillant et je crains qu’il n’y ait un peu de fièvre intermittente dans son affaire ces malaises ressemblent à ceux qu’elle a eus l’année dernière à pareille époque. Je l’ai vue Mercredi soir, elle était contente de nous avoir tous auprès d’elle et avait beaucoup d’entrain. Je vais y retourner cette après-midi.
Le reste de la famille va bien ; Émilie a très bonne mine, elle quitte peu tante qu’elle soigne bien et elle se trouve remplir en ce moment toutes les fonctions de maîtresse de maison, ce qui n’altère pas sa gaieté. Marcel[7] aussi et moi nous nous portons aussi à merveille ; hier nous avons dîné ensemble chez M. et Mme de Lasteyrie[8].
J’ai en ce moment le petit ouvrier Jules qui fait différentes choses dans la maison, il baisse des planches d’armoire, rabote des tiroirs qui ne marchent pas, recolle une anse cassée & aussi je viens de te quitter pour aller le surveiller. Adieu, mon Papa chéri, chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime, reçois les meilleures amitiés de tes 2 enfants.
Marie
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Félix Henri Gosset et son épouse Marie Marguerite Morel d’Arleux.
- ↑ Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
- ↑ Robert de Fréville ne sera que le deuxième enfant de Marie Mertzdorff ; l’enfant à naître est Jeanne de Fréville.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Robert de Lasteyrie et son épouse Antoinette Boucher des Forges.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 3 décembre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_3_d%C3%A9cembre_1880&oldid=36001 (accédée le 15 octobre 2024).
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