Lundi 6 décembre 1880 (A)
Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville)(Paris)
Vieux-Thann 6 Décembre 1880
Je te remercie bien, ma chère petite Marie, de la bonne lettre que tu viens de m’écrire et que ton bon-papa[1] et moi avons lue avec grand plaisir, mais je ne puis accepter de si aimables remerciements au sujet des pantoufles que je t’ai envoyées, attendu que ces susdites pantoufles ne sont guère élégantes pour une jeune femme, heureusement que celle qui les recevait sait préférer l’utile à l’agréable. Que de fois nous pensons à toi et au petit enfant que tu nous donneras[2] pour bien l’aimer et le choyer : prends toujours bien des précautions et repose-toi dès que tu te sens fatiguée.
Dans ce moment nous sommes plus que jamais avec ton excellente tante Aglaé[3] devenue depuis longtemps pour toi et Émilie[4] la plus tendre et la plus dévouée des mères. Il est bien pénible d’être loin de ceux qu’on sait malade ; chaque jour nous attendons impatiemment une lettre de Paris afin d’avoir des nouvelles. Ta chère tante si pleine de cœur et d’énergie se laisse souvent aller à un travail au-dessus des forces physiques, je le lui ai dit souvent en me sentant tout agitée de la crainte qu’elle en fasse trop. Sa grande intelligence et son tendre dévouement lui font entreprendre bien des choses qu’elle mène toujours à bonne fin mais qui ne laissent pas de la fatiguer beaucoup. Ce qu’elle éprouve aujourd’hui est une leçon pour l’avenir, il faut de toute nécessité qu’elle sache diminuer ses occupations et prendre du repos dès qu’elle éprouve de la fatigue ; à son dernier voyage ici tout le monde l’a trouvée en parfait état de santé, grâce au repos forcé qu’elle avait pris en Suisse. Te voilà ma bonne petite Marie déjà assez avancée dans ta grossesse et je t’engage d’avoir dès à présent toute la petite layette préparée, c’est un repos d’esprit de penser que tout est là pour recevoir le cher petit enfant : ta bonne belle-sœur[5] peut si bien te renseigner à ce sujet et te dire tout ce qu’il faut avoir. Notre petite Hélène[6] toujours bien gentille serait heureuse de se trouver avec des petits enfants de son âge, nous déplorons souvent avec ses parents[7] qu’elle n’ait pas ici cette facilité. Il serait si charmant de la voir en compagnie de son petit contemporain Maurice[8], tous deux s’en trouveraient à merveille en se livrant ensemble aux jeux de leur âge. Chaque jour, ma chère enfant, je remercie Dieu que tu sois entrée dans une famille telle que nous la souhaitions. Madame de Fréville[9] si distinguée de toutes manières t’a ouvert ses bras maternels, elle t’aime beaucoup je le sais, puis sa chère fille[10] si bien douée aussi te regarde comme une sœur, je ne te parle pas de Marcel[11] auprès de qui tu trouves ce que peut rêver une honnête jeune fille dont l’éducation a été parfaitement dirigée, et c’est à ton oncle Alphonse[12], à ta tante Aglaé que nous devons ton bonheur que ton bon père[13] et nous savons si bien apprécier. Je vois d’ici ma chère petite Émilie intelligente et pleine de cœur comme elle est, cherchant à faire toutes choses dans la maison de sa bonne tante de façon à contenter tout le monde. Adieu ma bonne petite Marie adieu mon cher Marcel recevez tous deux les embrassements de vos vieux parents.
Félicité Duméril
Quand tu le pourras tu me feras bien plaisir d’aller faire une petite visite à ta voisine Madame Fröhlich[14]
Rappelle-nous au bon souvenir de Mesdames de Fréville, Villermé[15] et de la Serre.
Notes
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Jeanne de Fréville naîtra le 19 mars 1881.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards, est souffrante.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre ; elle a quatre fils.
- ↑ Hélène Duméril, née en 1878.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
- ↑ Maurice Barbier de la Serre, né en 1878.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Eléonore Vasseur, veuve d’André Fröhlich.
- ↑ Antonie du Moulin de La Fontenelle, épouse de Louis Villermé.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 6 décembre 1880 (A). Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville)(Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_6_d%C3%A9cembre_1880_(A)&oldid=40585 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.