Vendredi 2 juillet 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-07-02 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-07-02 pages 2-3.jpg


Paris 2 Juillet 1880.

Mon Père chéri,

Voilà déjà aujourd’hui huit jours que tu nous as quittés et depuis ce temps-là nous sommes un peu réduits à nous dire : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. J’espère que le proverbe ne nous trompe pas, que tu es seulement très occupé mais que tu n’as ni fatigue, ni ennui ; je me réjouis cependant bien d’apprendre que Thérèse[1] va mieux car ce serait véritablement désolant de la savoir encore malade et toi mon pauvre Père servi n’importe comment et tourmenté de la voir souffrir.

Depuis que je t’ai écrit Émilie[2] a dû à son tour venir te parler un peu de tes filles et tu sais sans doute qu’elles continuent à aller parfaitement bien.
Je n’ai aucun événement important à t’annoncer aujourd’hui ; mais la naissance de mon neveu René[3] que je t’ai apprise Lundi suffit pour longtemps ; sa mère[4] continue à se très bien porter et quant au bébé il se développe à vue d’œil, j’ai été frappée hier des changements survenus en 2 jours. C’est sa maman qui le nourrit et tous les deux ont l’air de s’en trouver fort bien.

Le vrai beau temps a décidément du mal à nous arriver, je ne m’en plains pas car je trouve que ces orages et ces pluies continuelles rafraîchissent agréablement la température, mais ce doit être mauvais pour la campagne où l’on doit avoir besoin de beaucoup de soleil pour sécher les foins. Est-on content des récoltes en Alsace ? Ici rue Cassette, nous sommes en pleine fenaison, l’herbe de nos prés est coupée depuis trois jours ; matin et soir Marcel[5] l’étale, la secoue, la met en meule espérant toujours la faire devenir foin, mais la pluie vient à mesure détruire tout l’ouvrage et je crois que nous aurons tout simplement quelques petites bottes de fumier. Je suis sûre que tu rirais bien si tu nous voyais au milieu de nos herbages nous servant de nos mains au lieu de fourches. Je dis nous c’est un peu exagéré car pour ma part je me contente de surveiller Marcel et de me délecter dans la bonne odeur de notre foin.

Mercredi nous avons enfin terminé nos visites[6], tu pourras dire à bonne-maman[7] que nous avons été chez ma cousine Fidéline[8] et que nous l’avons trouvée. Hier j’ai passé ma journée en partie au Jardin et en partie boulevard Saint-Germain[9]. J’oubliais que Marcel m’a chargée de te dire qu’il a retrouvé chez M. d’Arleux[10] le bordereau si bien fait par toi et il t’en remercie beaucoup. Adieu, mon Père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime. A bientôt j’espère une lettre de toi.

ta fille
Marie


Notes

  1. Thérèse Neeff, bonne chez Charles Mertzdorff.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. René Barbier de la Serre.
  4. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
  5. Marcel de Fréville époux de Marie Mertzdorff.
  6. Les visites d’après les noces du 14 avril.
  7. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  8. Fidéline Vasseur.
  9. La mère de Marcel de Fréville habite boulevard Saint-Germain.
  10. Charles Morel d’Arleux ?

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 2 juillet 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_2_juillet_1880&oldid=59313 (accédée le 18 décembre 2024).

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