Vendredi 24 juillet 1868

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1868-07-24 pages1-4.jpg original de la lettre 1868-07-24 pages 2-3.jpg


Villa de la Plage

Villers-sur-Mer

24 Juillet

Vendredi matin

Mon cher Charles,

Il me semble que tu ne m’accuseras pas de paresse, et que l’exemple de Mme de Torsay[1] profite, mais pour ne pas être à charge à mon aimable compagnie je profite des petits moments pour te griffonner quelques lignes.

Nous avons pu offrir cette nuit l’hospitalité à notre Julien[2]. Marie[3] lui a abandonné le grand lit du salon où elle avait pris domicile depuis ton départ. Le sommeil a été bon et profond pour chacun malgré le grand vent ; car depuis hier 5h le temps est changé, le vent souffle assez fort et le ciel grisonne, sans pluie. Le frère de Cécile[4] est arrivé hier soir ; mais les heures de bateau ne coïncidant pas le départ ne peut avoir lieu que ce matin à 11h au Havre et elle va s’en aller de suite, il est 9h. Pauvre fille, la mer est assez agitée, gare à ses effets.

Hier la chaleur était telle que malgré tout notre courage, à Julien et à ta femme, nous n’avons pas pu continuer notre promenade sur les hauteurs et sommes redescendus au bord de la mer où le vent n’a permis qu’une demie pataugeade ; mais le bonheur des trous d’eau est toujours tel qu’on en rêve la nuit et le jour.

Décidément tu me traites en vraie industrielle ; le paquet de journaux arrivés hier soir va me donner une réputation de politique non méritée, l’adresse écrite de ta main m’a fait plaisir. Le temps t’aura manqué pour plus longue causerie, je l’espère pour ce soir car ta journée de mercredi a dû être bien fatigante.

Les enfants[5] continuent à être dans l’enthousiasme de leurs bains, ça doit leur être bon, tant elles les aiment. Dès hier l’oncle Julien a enfourché ton costume de bain que j’ai dû préalablement un peu resserrer à cause des parties concaves chez le jeune homme qui existent très convexes chez mon cher mari. L’onde salée lui a paru excellente.

Ma petite Mie écrit son journal, et les petits jouent autour de nous.

Nous attendons Alphonse[6] ce soir.

Ta petite Emilie te fait dire qu’elle espère que tu reviendras, qu’elle pense beaucoup à toi le soir et le matin et qu’elle prie pour toi.

Charge-toi de toutes mes amitiés pour les bons parents Duméril[7] qui je pense viendront te trouver Dimanche, et dis aussi mille aimables choses à oncle et tante Georges[8].

Adieu, mon cher Charles. Je t’embrasse bien fort, je t’en prie écris-moi. Aglaé, Julien, les enfants, tous nous nous réunissons pour t’envoyer toutes sortes d’aimables choses qui se résument par nous serions bien contents de t’avoir avec nous.

Toute à toi

Eugénie M.


Notes

  1. Clotilde Duméril, épouse de Charles Courtin de Torsay.
  2. Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie.
  3. Marie Mertzdorff (la « petite Mie »).
  4. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
  5. Marie et Emilie Mertzdorff, et le petit Jean Dumas.
  6. Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
  7. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité.
  8. Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 24 juillet 1868. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_24_juillet_1868&oldid=51609 (accédée le 14 octobre 2024).

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