Vendredi 20 septembre 1878

De Une correspondance familiale

Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1878-09-20.jpg


20 Septembre 78.

Ma grande Sœur chérie

Que ta lettre m’a fait plaisir et qu’elle était gentille. Le passage que tu as eu la bonne idée de me copier est charmant et il m’a fait réfléchir à bien des choses véritables qui y sont dites. Il est vrai que j’ai déjà 15 ans du moins pour ma vie terrestre mais cette pensée ne m’attriste pas et je suis sûre que tu penses de même mais ce qui me faisait de la peine c’était de ne pas pouvoir vous embrasser pour de bon ; c’est si doux d’être ensemble et comme le dit si bien La Fontaine l’absence est le plus grand des maux[1] mais quelle joie nous éprouverons à nous retrouver ensemble de nouveau et à nous revoir tous les jours.

Mais sois tranquille, ma Marie chérie, je suivrai ton conseil et je serai fidèle à cette chère aiguille conseillère dont tu me parles et pour te répondre à tout ce que tu m’as dit d’utile, sois sûre que dans le livre de Mme de Flavigny[2] que vous avez été assez gentilles de me donner, je trouverai plus d’une prière pour mes amies chéries[3]. J’ai déjà bien prié pour vous ce matin à l’église, mes chères petites sœurs, cela m’était déjà arrivé bien souvent et ce ne sera pas la dernière. Il faut aussi que je te remercie de ta fleur, ma bonne chérie, et des vœux que tu formais pour moi en me l’envoyant comme symbole de vertu.

Je pense que je verrai tante[4] demain, elle est si bonne, notre tante chérie, que c’est un véritable plaisir pour moi d’être avec elle le plus possible et je tâche de la voir souvent et de l’embrasser pour moi et pour vous.

Adieu, ma bonne petite sœur chérie, je t’embrasse comme je t’aime c’est à dire de tout mon cœur et je te charge d’embrasser pour moi mon oncle[5] qui m’a fait tant de plaisir en me parlant de venir l’année prochaine à Vieux-Thann que je serais si heureuse de « connaître » puisque c’est là que je dois me représenter où vous avez été si longtemps. Je t’embrasse encore un million de fois pour moi et pour maman[6]. Ta petite Marthe qui continuera à être votre petite Marthe.


Notes

  1. Jean de La Fontaine, « Les deux Pigeons ».
  2. Louise Mathilde de Flavigny (1811-1883), auteure d'ouvrages de piété, dont un Recueil de prières et de méditations tirées des œuvres des SS. pères, des écrivains et orateurs sacrés, plusieurs fois réédité.
  3. Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  5. Charles Mertzdorff ?
  6. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 20 septembre 1878. Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_20_septembre_1878&oldid=56326 (accédée le 28 mars 2024).

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