Samedi 14 septembre 1878
Lettre de Paule Arnould (Arthel dans la Nièvre) à ses amies Marie et Emilie Mertzdorff (Paris)
chez Mme Blondeau[1]
par Prémery – Nièvre
Arthel 14 Septembre 78
Je vais tant penser à vous, mes Amies chéries, à votre arrivée, et pendant votre séjour à Vieux-Thann que je ne résiste pas à venir vous le dire. Il me semble que je connais votre pauvre chère maison à force de vous voir là-bas. Tu me disais, ma Marie chérie, que tu regrettais de ne pas m’y trouver là-bas, m’y voici pourtant, je t’y attends, et avec toute mon affection ; car j’espère bien arriver avant vous, et je suis sûre que vous m’y donnerez ma place au milieu de ceux qui vous aiment vraiment, votre père[2], vos grands-parents[3], et votre tante, et votre oncle[4]. Je vous plains, mes amies, de recommencer avec tous vos ennuis du mois de Mai, toi surtout, ma chère Marie, en tant que maîtresse de maison provisoire ; mais je [suis] sûre que vous vous appuierez bien sur la pensée qui doit vous soutenir, le bonheur de votre bon Père qui a été si heureux de vous posséder et qui doit se promettre tant de joie de prolonger votre réunion des vacances. Mon amitié vous tend les bras de loin, chères petites Amies, je voudrais vous entourer de plus près, vous dire mieux combien je vous aime, combien je pense à vous. Remercions pourtant le bon Dieu qui nous permet de nous le dire, de le sentir de loin, de prier les unes pour les autres, et de nous appuyer au besoin les unes sur les autres, ou, sans cela, sur qui pourrions-nous compter ! Certainement ce n’est pas sans dessein que Dieu nous a rapprochées, placées sur le chemin l’une de l’autre, et surtout qu’il nous a donné cette sympathie réciproque sans laquelle il n’y a pas de vraies amies.
Adieu, ma Marie, adieu, mon Emilie chérie, je suis obligée de fermer ce petit mot si court, mais qu’il vous porte bien des choses très tendres, surtout qu’il vous dise que je suis avec vous par le cœur bien souvent et que vous pouvez me compter parmi vos meilleures amies.
Paule A.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 14 septembre 1878. Lettre de Paule Arnould (Arthel dans la Nièvre) à ses amies Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_14_septembre_1878&oldid=35354 (accédée le 18 décembre 2024).
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