Vendredi 19 août 1842
Lettre d’Auguste Duméril (Arras) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)
d’André Auguste Duméril.
Arras 19 Août 1842.
Me voici chez Auguste[1] depuis 9 heures du matin, ma chère et bonne maman. Ma route s’est faite heureusement, mais ce que j’ai avalé et absorbé de poussière, par mes habits, est impossible à dire. J’ai d’ailleurs bien senti toute l’importance du sujet de physiologie qui m’occupe, en ce moment, car la chaleur aidant, l’atmosphère était remplie d’émanations d’une essence piédobottique, tout à fait pénible à respirer (ce mot qui est formé des mots pied et botte, te fait comprendre quelle était la nature de ce parfum). Nous étions 8 voyageurs, 4 serins en cages, et un pot de chambre plein… de confitures. La chaleur était extrême, et mon manteau m’a été plutôt gênant qu’utile. J’ai eu le temps de songer et de lire, car pour la conversation, elle n’était pas possible. La première chose que j’ai faite, a été de m’aller baigner. J’ai eu l’esprit d’oublier la clef de la cassette où est mon nécessaire : on va être obligé de forcer, et de faire une autre clef.
Auguste m’a parfaitement reçu, ainsi qu’Adine[2]. Peut-être irons-nous, tous les trois, à Douai demain, Auguste y ayant absolument à faire. Ce ne sera sans doute pas avant Lundi, dans la soirée, que nous irons à Lille : peut-être Adine sera-t-elle de la partie, ce qui serait, je crois, une bonne chose, en ce que ma tante[3] se trouverait ainsi contenue. Nous descendrions à l’hôtel. Auguste écrira simplement pour annoncer que nous arrivons. Nous avons déjà beaucoup causé du but de mon voyage, et je trouve dans la manière d’être d’Auguste tout ce qui est bien fait pour me rendre heureux.
J’espère que ton dîner d’hier a bien réussi et qu’il sera venu quelques personnes le soir. J’espère aussi que vous êtes bien, tous les trois.
Adieu, ma chère maman, reçois, avec papa et Constant[4], l’expression bien sentie de ma vive affection.
Tout à toi, ton dévoué fils
Aug. Duméril.
J’aime à croire que l’indisposition de Mme Bibron n’a pas eu de suite. Je tâcherai bien de t’écrire un mot dimanche.
Adine et Clotilde sont fort bien. Comment va Suzette[5] ? N’oublie pas de me le dire, je te prie.
Notes
- ↑ Charles Auguste Duméril, cousin d’Auguste, ingénieur à Arras.
- ↑ Alexandrine Brémontier, dite Adine, est l’épouse de Charles Auguste Duméril ; leur premier enfant, Clodilde, a juste quelques mois.
- ↑ Alexandrine Cumont, épouse d’Auguste Duméril l’aîné.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.
- ↑ Suzanne de Carondelet, épouse d’Antoine de Tarlé.
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, « Lettres relatives à notre mariage », p. 166-168
Pour citer cette page
« Vendredi 19 août 1842. Lettre d’Auguste Duméril (Arras) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_19_ao%C3%BBt_1842&oldid=35826 (accédée le 4 novembre 2024).
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