Vendredi 18 mars 1842
Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Lille) et un ajout de sa femme Alexandrine Cumont à leur neveu Auguste Duméril (Paris)
D’Auguste Duméril père.
Lille le 18 Mars 1842.
Mon cher ami,
Nous avons reçu hier ta lettre, et nous y avons lu avec un vif intérêt les expressions de tes sentiments. Eugénie aussi en a été touchée : elle est heureuse de la détermination prise, et du tableau que lui représente en perspective l’intérieur de sa nouvelle famille.
Comme ses frère et sœur[1], elle a appris, dès son enfance, à aimer, à honorer tes père et mère[2] : elle sera près d’eux, près de toi, près de ses frères et sœurs, car Adine et son mari[3] vont probablement aussi demeurer à Paris, et ajouter, par leurs excellentes qualités, au charme de votre situation ; quant à nous, mon cher ami, nous serons sans doute bien isolés, mais la pensée de savoir nos enfants, tous nos enfants heureux, nous ferait supporter de plus grands sacrifices. Je savais, depuis longtemps, que tu avais subi tous tes examens, à l’école de médecine, d’une manière fort honorable, et que la thèse, dernier acte exigé, était une pure formalité, et une formalité qui, seule, en permettant de prendre le titre de docteur, donne plus de droits à la considération publique : sous ce rapport, je suis fort aise que tu termines cette affaire, car si, dans tous les temps, j’ai pris intérêt à tout ce qui est relatif à ta personne, tu penses bien qu’aujourd’hui, cela me devient tout à fait personnel. J’attends, et je recevrai avec impatience le tableau de la route que tu te proposes de parcourir, dans la carrière des sciences. Comme la ligne la plus courte est toujours la ligne droite, cette route, j’en suis certain, te conduira à bonne et prompte fin.
Nous désirons bien sincèrement que votre établissement puisse avoir lieu aussitôt que possible. Je connais l’appartement que tu occupes, je sais que vous y serez parfaitement bien, sous tous les rapports. Lorsqu’on a de bons parents, des parents dévoués, et les tiens ont fait leurs preuves, il est si heureux de pouvoir rester constamment auprès d’eux. Eugénie fera souvent la partie de son oncle.
Nous aurions bien désiré te voir pendant les vacances de Pâques, et particulièrement Eugénie, mais nous pensons que dans les circonstances où des propositions analogues à la tienne ont été faites et rejetées, il serait peu convenable d’autoriser ta visite. Dans une ville de province, il faut éviter les propos d’un public toujours disposé à en tenir. Nous attendons avec impatience les grandes vacances : tu pourras alors rester plus longtemps avec nous.
Eugénie te prie d’embrasser bien tendrement pour elle son oncle et sa tante, elle te fait ses amitiés et nous y joignons les nôtres pour toute la famille.
Adieu, mon cher ami, je suis tout à toi
Mon cher Auguste,
Je préfère que vous ne veniez qu’au mois d’Août, puisque votre mariage est encore éloigné. Il y a trop peu de temps que vous êtes venu, et je craindrais qu’on ne fît des conjectures.
Votre tante Alexandrine.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, « Lettres relatives à notre mariage », p. 112-115
Pour citer cette page
« Vendredi 18 mars 1842. Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Lille) et un ajout de sa femme Alexandrine Cumont à leur neveu Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_18_mars_1842&oldid=61430 (accédée le 15 novembre 2024).
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