Vendredi 17 novembre 1882 (B)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Vendredi 17 9bre 82.
Ma chère Marie
Vous me gâtez mes chers Enfants en me donnant si régulièrement de vos nouvelles qui bien heureusement sont toujours bonnes.
Depuis que je fais passer ma viande crue par un tamis je puis en manger un peu plus & cela passe très bien, mais c’est une bien triste nourriture & je t’assure que je ne me réjouis pas pour l’heure de mes repas. Comme je vous l’ai déjà dit je prépare mon potage & j’y [délaye] ma viande dans la cuillère la repêche lentement avec une petite cuillère & c’est là mon repas. avec un peu de compote pour mon dessert, cela ne varie pas.
Hier au soir j’ai mangé un peu de langue & mal m’en a pris, car bonne partie n’a pas passé, aussi hier au soir au lieu d’aller au billard avec les Duméril[1] je les ai reçus dans mon cabinet & nous n’avons pas fait notre partie comme c’est de règle depuis que vous m’avez quitté.
Cette nuit a été bonne & ce matin de même je ne me ressens pas de mon petit accident d’hier au soir. J’ai fait mes trois petits repas comme d’ordinaire & la journée n’est pas mauvaise.
Je me tiendrai maintenant exclusivement à ma viande crue & réduirai un peu mon souper. Aujourd’hui à midi j’ai mangé 25 g. de viande ce qui n’est pas mal & suffisant pour un paresseux qui ne fait pas grand chose.
Le temps est toujours détestable ce matin il y a de la neige dans la cour & les toits, sans qu’il fasse bien froid car il ne gèle pas, aussi quelle boue. toute cette semaine il pleut nuit & jour, mais très heureusement nous n’avons pas à craindre les grandes Eaux, l’écoulement est trop rapide tandis qu’en plaine il y a déjà bien des dégâts & d’après les journaux je vois que partout l’on souffre des inondations.
Il n’est pas encore question du départ de nos chers bons-parents, je crois qu’il n’en sera pas question ce mois-ci ce ne sera qu’en Décembre que l’on songe à rentrer, ils vont très bien & je crois que l’on se plaît beaucoup ici ce qui est bien heureux ; du reste Mme Stackler[2] va aussi prolonger son séjour à Paris.
Ce mauvais temps n’est pas fait pour les malades, aussi l’hygiène en souffre nous voici de nouveau avec quelques fièvres typhoïdes à Vieux-Thann. 2 enfants de Louis notre ancien domestique en sont atteintes, l’on est aussi venu demander du vin d’Espagne pour un abbé de Thann gravement malade. Je pense que lorsque je me promènerai un peu j’irai aussi mieux.
Le petit André[3] me dit bonne-maman[4] est un peu enrhumée, sans donner aucune préoccupation, Hélène[5] va bien, vu le mauvais temps l’on a dû interrompre les promenades avec le bon-papa.
Avant-hier j’ai fait une promenade d’affaire à Aspach & à Wattwiller il faisait déjà très froid.
Te voilà à peu près au courant de ce que je fais, il ne me reste qu’à t’embrasser comme je t’aime ainsi que Mari[6] & enfant[7]
tout à toi ton père ChsMff
Notes
- ↑ Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril (« nos chers bons-parents »).
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ André Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril, grand-mère d'André et Hélène Duméril.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Jeanne de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 17 novembre 1882 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_17_novembre_1882_(B)&oldid=35814 (accédée le 18 décembre 2024).
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