Samedi 18 novembre 1882

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris), avec quelques mots dictés par Hélène Duméril


Fs1882-11-18 pages1-4-Félicité.jpg Fs1882-11-18 pages2-3-Félicité.jpg


Vieux-Thann 18 9bre 1882

Quoique je ne t’aie pas écrit depuis ton départ d’Alsace, ma bien chère petite Marie, tu sais sans que je te le dise combien notre pensée va souvent vers toi et ton cher entourage, combien nos vœux sont vifs pour que tu ailles bien et que le petit être que tu attends[1] ajoute au bonheur de ton heureux mariage, ta grossesse que tu supportes si vaillamment nous est une douce garantie pour tes couches. Ici grâce à Dieu on ne va pas mal, ton bon père[2] malgré sa maigreur et sa pâleur est certainement bien mieux qu’au moment de ton départ. Il mange mieux, dort bien, a de l’entrain, ainsi hier soir il nous a fait à tous un grand plaisir en venant ici passer la soirée pendant laquelle la conversation a été animée ; notre chère belle-fille[3] avec son animation, l’agrément de son esprit, et son aimable caractère possède tout ce qu’il faut pour le contentement de chacun, et quand elle se met au piano elle procure un vrai plaisir à ceux qui l’écoutent, elle va fort bien et ses enfants sont aussi en bonnes dispositions quoique le petit André soit cependant un peu enrhumé. Notre cher fils[4] après les rudes épreuves de l’hiver dernier jouit bien dans ce moment.

Je ne puis assez te dire combien les soins de Thérèse[5] sont parfaits. Ainsi elle a eu la bonne pensée d’apporter le matin à sept heures le déjeuner à ton bon père qui le prend au lit, se rendormant quelquefois un peu après, cet arrangement met un espace nécessaire entre les autres repas. Tu sais ma bonne petite Marie combien nous serions heureux de pouvoir vous être utile à tous, à ton excellente tante[6] si dévouée et qui agit souvent au-dessus de ses forces. Dis-lui bien que nous nous mettons à son entière disposition, nous serions si heureux, mon mari[7] et moi, de pouvoir lui être utiles ainsi qu’à notre chères petite Émilie[8] à laquelle je pense autant qu’à toi. Voilà Hélène[9] qui demande à écrire à sa petite nièce à la mode de Bretagne.

Ma chère petite Jeanne[10],

Je pense souvent à toi, et je voudrais bien te revoir dans la salle à manger de grand-mère[11], tu te rappelles que nous aimions tant à jouer ensemble. Je remercie bien Nounou[12] de ses soins et je t’embrasse bien fort.

Hélène

Ton oncle[13] vient de voir ton bon père qui a bien dormi cette nuit ; il se sent en bonnes dispositions. Nous sommes heureux de savoir M.  Edwards[14] presqu’entièrement remis de son indisposition dont j’avais été préoccupée à cause de son grand âge. Je te quitte ma bien chère enfant en t’embrassant toi, Marcel, et Jeanne comme je vous aime. Mon mari est de moitié dans les tendresses que je vous envoie et que nous envoyons aussi aux chers habitants du Jardin[15].

Félicité Duméril

Mille choses affectueuses de ma part à Mesdames de Fréville et de la Serre[16].


Notes

  1. Marie est enceinte ; Robert de Fréville naîtra en décembre.
  2. Charles Mertzdorff.
  3. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, mère d’Hélène et André Duméril.
  4. Léon Duméril.
  5. Thérèse Neeff, employée chez Charles Mertzdorff.
  6. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  7. Louis Daniel Constant Duméril.
  8. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  9. Hélène Duméril.
  10. Jeanne de Fréville, fille de Marie ; les deux fillettes sont cousines germaines.
  11. Félicité Duméril.
  12. Nounou de Jeanne de Fréville, probablement prénommée Marie.
  13. Georges Heuchel.
  14. Henri Milne-Edwards (82 ans).
  15. La famille Milne-Edwards et Émilie Mertzdorff.
  16. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville et sa fille, Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.

Notice bibliographique

D'après l'original.

Pour citer cette page

« Samedi 18 novembre 1882. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris), avec quelques mots dictés par Hélène Duméril », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_18_novembre_1882&oldid=35406 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.