Vendredi 15 juillet 1870 (A)
Lettre d’Émilie Mertzdorff et Eugénie Desnoyers (Paramé) à leur père et époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
15 Juillet 1870
Mon cher papa,
Je viens t'embrasser, le temps me paraît tout long depuis que tu es parti, il me tarde bien de te revoir. Tu dois être bien fatigué cher papa d'avoir voyagé comme cela deux nuits de suite. Une fois que tu as été parti je n'ai plus pleuré nous avons pris le grand tour nous avons été au télégraphe ; où maman a écris deux dépêches.
Nous sommes rentrées et en voiture j'étais bien fatiguée aussi je me suis reposée. Puis nous avons pris notre bain il était bien froid, mais j'ai bien dîné ; et j'ai bien dormi. Ce matin j'ai été à la messe mais elle était presque finie quand nous sommes arrivées. Puis nous avons été chez la femme du facteur et nous avons pris mesure pour son petit enfant. Nous sommes rentrées et nous avons fait une dictée puis nous avons pris notre bain c'était froid froid. puis nous avons déjeuné. Puis nous avons été à Saint-Malo et à Saint-Servan nous avons acheté plusieurs choses et nous avons vu l'église de Saint-Malo puis nous avons été à Saint-Servan et nous avons acheté du bon vin, nous avons vu une petite chapelle.
Adieu cher papa je t'embrasse bien fort bien fort, et te souhaite une bonne santé et un prochain retour.
Ta petite fille qui espère te contenter
ÉmilieMertzdorff
Vendredi 10 h
Ma petite Emilie me laisse une petite place que je suis heureuse de garnir de pattes de mouches à l'intention du bon Ami qui nous a quittées. Nous avons déjà le temps long après lui, mais il ne faut rien dire car nous restons en nombre et ne sommes pas à plaindre. Comme tu dois être fatigué. Je ne suis pas étonnée que l'estomac ait refusé tout jusqu'à présent, l'émotion et la préoccupation ont nourri le cœur et la tête, et dans ces cas-là, il faut que la bête se contente de peu, à l'autre de tout absorber. J'espère qu'après cette nuit dans ton lit, tu vas être mieux. Nous avons eu hier soir les lettres de Thann et Morschwiller écrites Mercredi à 3 h, il en sera de même maintenant. Je crois que tu n'auras pas trouvé les choses en ordre à ton arrivée d'après la dépêche d'oncle Georges[1]. Et ce matin Alphonse[2] qui lit le Moniteur, nous dit que les nouvelles sont encore à la guerre. ah mon Dieu.
Lettre de Bathilde[3] disant qu'elle confiera en toute sûreté Hortense[4] à Julien[5].
Lettre de Maman[6] disant que Julien ne pourra partir que Dimanche ou Lundi.
Nos petites filles[7] vont bien, elles brunissent bien, et sont bien plus animées, elles jouent avec Jean[8] sur la terrasse. L'air de la mer est délicieux, vous devez bien souffrir de la chaleur. Quelles tristes nouvelles de M. Auguste[9], c'est navrant, j'écrirai demain à Morschwiller pour remercier bonne-maman[10] de sa lettre. Charge-toi de toutes mes amitiés pour eux tous[11]. Adieu mon cher Ami, je t'embrasse de cœur et voudrais pouvoir partager de près tes préoccupations
ta petite femme
Eugénie
Merci pour ton bon petit mot du boulevard[12] il m'a fait bien plaisir.
Notes
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Bathilde Prévost, épouse d’Alphonse Duval.
- ↑ Hortense Duval, fille des précédents, née en 1857.
- ↑ Julien Desnoyers.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers et mère de Julien.
- ↑ Marie et Émilie Mertzdorff.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Auguste Duméril en visite à Morschwiller avec son épouse Eugénie Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, son époux, Auguste Duméril et son épouse.
- ↑ Voir lettre du 14 juillet.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 15 juillet 1870 (A). Lettre d’Emilie Mertzdorff et Eugénie Desnoyers (Paramé) à leur père et époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_15_juillet_1870_(A)&oldid=61051 (accédée le 15 novembre 2024).
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