Vendredi 14 septembre 1821

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à son mari André Marie Constant Duméril (Paris)

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255 E

15 septembre 1821[1]

Vendredi matin

Je n’ai pas songé ce matin mon bon ami à deux ou trois petites choses qu’il nous faudrait demain, je viens donc t’écrire ce mot que je ferai mettre à la petite poste par Augrand comme cela tu le recevras peut-être ce soir et françoise aura mieux le temps de faire ce que je demande. J’aimerais bien qu’elle nous envoyât un beau Homard ou deux plus petits si elle en trouve de parfaitement frais, ou peut-être ferions-nous grand plaisir à notre compagnie en donnant des huîtres, peut-être trouveras-tu que c’est du luxe, il en faudrait 8 ou 9 douzaines. tu décideras cela dans ta sagesse, elle pourrait voir pour des Homards avant que tu prennes une décision. Je voudrais aussi que françoise nous envoyât des poires d’Angleterre ou autres, celles qu’elle trouvera le mieux et qui seront passablement mûres. Il nous faudrait deux ou trois bouteilles de vin des riceys[2], de plus un grand morceau de Diachilon[3] ; Henriette ayant plusieurs clous, le morceau que tu as apporté n’est pas suffisant.

Je recommande à françoise de ne pas oublier les gâteaux de milan ou bricelets[4] qu’elle doit nous faire demain ; Il nous faut absolument des bougies. J’espère mon bon ami que tu te sens bien ce matin ; ici nous ne sommes pas mal, mon clou ne me fait pas plus de mal qu’hier, mais je gémis du temps qu’il fait, par la crainte qu’il soit de même les jours suivants. Je t’embrasse bien tendrement et t’aime de même.

Parle je te prie à françoise de le demande que Mme Monod[5] d’une femme de chambre pour Mme Stafer, il faudrait que ce fût un sujet intelligent et parfaitement sûr. Si elle pouvait présenter quelqu’un, c’est à Mme Monod qu’il faudrait aller parler.


Notes

  1. Le cachet postal indique en effet le 15 septembre 1821, qui est un samedi ; mais la mention du « vendredi matin » indique que cette lettre a été écrite la veille, le 14 septembre.
  2. Orthographié « ricés » par Alphonsine, Les Riceys est un village de Champagne qui produit un vin réputé. Quelques décennies plus tard, le nom des Defrance figure parmi les producteurs : on trouve des capsules avec les noms et portraits de Jacques Defrance, Louis Defrance (1867-1927) et Jeanne Defrance (1867-1923).
  3. Le diachilon est un emplâtre composé de sucs de plantes ; on lui attribue la vertu de ramollir et de résoudre les papules.
  4. Bricelet, gâteau typique de la Suisse romande. Sorte de gaufre très mince et croustillante, en forme de cigare ou de cône, cuite dans un moule spécial appelé fer à bricelet.
  5. Louise Philippine de Coninck, épouse du pasteur Jean Monod.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 28-29)

Annexe

A Monsieur Duméril

médecin,

Pour citer cette page

« Vendredi 14 septembre 1821. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à son mari André Marie Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_14_septembre_1821&oldid=35764 (accédée le 23 avril 2024).

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