Vendredi 14 février 1879 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à sa grand-mère Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann), avec un ajout d’Aglaé Milne-Edwards


original de la lettre 1879-02-14 pages 1-4.jpg original de la lettre 1879-02-14 pages 2-3.jpg


Vendredi 14 Février 79[1]

Ma bonne-maman chérie,

Je ne veux pas attendre à demain pour te remercier de la gentille lettre que j’ai reçue de toi et qui est venue, une des premières m’apporter les souhaits et les amitiés de mon cher bon-papa et de ma chère bonne-maman[2]. C’est beaucoup plus que je ne méritais, car je suis vraiment bien paresseuse envers toi et tu es beaucoup trop bonne de m’avoir écrit.

Tout ce que tu me dis d’Hélène[3] m’a bien intéressée : qu’elle doit être gentille maintenant ! je suis sûre qu’elle ne tardera pas à parler et à courir, c’est qu’elle est grande maintenant cette petite demoiselle d’un an. J’ai bien pensé à elle hier, anniversaire de sa naissance, je voulais même lui envoyer quelque chose et tante[4] m’avait donné l’idée de lui acheter des petits souliers de peau blanche ; je crois que cela lui serait peut-être utile, mais je n’ai pas pu exécuter mon projet parce que je ne connais plus la taille de son pied, elle a probablement beaucoup changé depuis cette automne et je te serais bien reconnaissante, si tu voulais mesurer la semelle et m’en donner la grandeur.

Tu as appris certainement par les lettres que nous écrivons à papa[5] que M. Gervais[6], membre de l’Institut vient de mourir et qu’oncle[7] va se présenter pour remplir sa place. Tout le monde lui assure qu’il sera nommé et il rencontre beaucoup d’amis dans toute l’Académie des Sciences. Tu comprends que M. Edwards[8] soit bien heureux de voir oncle arriver à l’Institut et oncle n’en est pas moins content car tout semble annoncer un succès certain.

Nous avons vu il y a quelques temps Mme Gastambide[9] et sa fille[10] ; elles sont bien charmantes et nous avons toujours un très grand plaisir à les voir. Mme Chauvet a l’air bien heureux, elle est installée depuis le mois de Novembre dans un appartement de la rue Taitbout tout près de sa mère de sorte que la séparation n’est pas bien grande.

Oncle a reçu il y a quelques jours une lettre de Mme Malard[11] qui lui recommandait son fils[12] pour qu’oncle lui trouve une place soit dans son laboratoire soit dans un autre où il pourrait en même temps continuer ses études scientifiques, mais oncle lui a répondu qu’il ne pouvait lui procurer aucune place en ce moment et qu’il ferait bien de passer sa licence ce qui l’aiderait beaucoup à trouver un emploi. Nous avons consulté notre tableau généalogique, et nous avons trouvé que la personne en question doit être le fils aîné Georges[13].

Adieu ma chère bonne-maman, je te quitte pour aller me coucher car il est déjà dix heures. Je t’embrasse de tout mon cœur, ainsi que mon cher bon-papa.
Ta petite fille,
Emilie

Je suis bien contente de savoir que tante Marie[14] va bien maintenant, papa m’avait écrit il y a quelques jours qu’elle était un peu souffrante.
Je te prie de l’embrasser de ma part ainsi que Maria[15]. Comme cette pauvre Marie a dû être tourmentée de voir sa bonne si malade car, la connaissant depuis longtemps, elle lui était très attachée et du reste, Geneviève[16] paraît bien gentille.

Chère bonne-maman, je m’empare de cette petite place pour vous remercier de votre affectueuse lettre et vous assurer de ma bien tendre amitié.   
A. ME


Notes

  1. Papier à monogramme « EM ».
  2. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  3. Hélène Duméril.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  5. Charles Mertzdorff.
  6. Paul Gervais.
  7. Alphonse Milne-Edwards.
  8. Henri Milne-Edwards, père d’Alphonse.
  9. Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
  10. Adrienne Gastambide, épouse d’Alphonse Chauvet.
  11. Thelcide Duméril épouse d’André Malard.
  12. Eugène Malard.
  13. Georges Malard, professeur d’histoire.
  14. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  15. Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
  16. Geneviève, bonne de Marie Stackler.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 14 février 1879 (B). Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à sa grand-mère Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann), avec un ajout d’Aglaé Milne-Edwards », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_14_f%C3%A9vrier_1879_(B)&oldid=35756 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.