Vendredi 10 mai 1872
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son beau-frère Alphonse Milne-Edwards (Paris)
10 Mai 1872
Mon cher Alphonse,
Il est bien juste que je m'adresse directement à vous pour vous remercier du sacrifice que vous avez su nous faire si aimablement de votre chère petite femme[1] pendant ces quelques jours. Sa présence a été une vraie joie pour grands et petits. Elle a pris sa part de nos émotions, les a partagées le 5[2] et a joui, comme nous, du bonheur peint sur le visage de notre petite Marie et qui se reflétait sur celui d'Emilie[3].
Maintenant on tâche de profiter de la tante chérie, on la caresse, on lui dit des petits bonjours sans fin, on la fait travailler, on lui demande conseil, enfin on voudrait prendre beaucoup d'elle afin de lui ressembler un peu.
L'oncle Alphonse n'est pas oublié, et c'est, du fond du cœur, que sa présence est regrettée ; s'il était là on aurait trouvé moyen, entre deux averses, de faire quelques courses en montagne et de s'amuser tout en faisant profiter l'esprit de quelques petites découvertes mais c'est plaisir différé et Launay, la mer, Vieux-Thann & nous verront, il faut l'espérer, encore tous en famille.
Votre dépêche (2h) vient d'être reçue par un hourrah de joie (par les Vieux-thannois) votre fidèle épouse ne savait si elle devait partager notre satisfaction et ne répondait qu'à demi aux transports de ses petites nièces ; vous voyez que nous ne lui faisons pas oublier son mari et que vous avez lieu d'être fier d'elle à plus d'un titre.
Puisque vous aimez tant à faire plaisir j'aurais encore une petite supplique à vous adresser : Il reste donc bien convenu qu'Aglaé nous quittera Dimanche à 3h pour vous arriver Lundi matin ; Cependant si nous recevions encore une dépêche de vous nous autorisant à la conserver jusqu'au Lundi nous serions tous bien contents et nous bénirions encore une fois de plus le cher oncle qui sait toujours sacrifier son plaisir à celui des autres. Voilà la position : Dimanche à 3h après Vêpres nous devons avoir à goûter les 20 petites filles qui ont fait la première communion avec Marie. Vous comprenez si la présence d'Aglaé serait agréable, et de plus à cause de cette réunion nous ne pouvons la reconduire à Mulhouse comme nous en avions formé le projet, tandis qu'avec la permission du Lundi, tout s'arrange, elle embellit notre petite fête et nous l'accompagnons à Mulhouse le Lundi où à 5h ½ elle monte en chemin de fer pour vous arriver Mardi matin à 6h. Nièces, sœur[4] et frère[5] vous seront bien reconnaissants si la dépêche donnant permission de conserver Aglaé nous arrive demain.
En ce moment on prépare une lessive du linge des poupées, on repassera demain, on a fait la cuisine au petit foyer & et tout cela de compagnie et sous la direction de la chère petite tante. Vous voyez qu'on laisse l'esprit se reposer ; c'était nécessaire.
Dites à petit Jean[6] qu'on aimerait bien lui faire partager ces soins d'un bon ménage et que sa femme Emilie compte toujours sur son affection.
Savez-vous que vous avez gâté ma petite Marie en lui envoyant un si joli médaillon, il est après la chaîne et ne la quitte plus.
Adieu, mon cher Alphonse, Charles, les enfants, votre femme et votre sœur se permettent de se réunir pour vous envoyer les bien tendres amitiés de cette petite colonie où vous êtes bien sincèrement aimé.
Eugénie Mertzdorff
Si vous voyez quelqu'un les nôtres[7] bien des amitiés ainsi qu'à votre père[8] et à vos sœurs[9]. Un bon baiser à Jean.
Notes
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff a fait sa communion le 5 mai.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Eugénie Desnoyers-Mertzdorff elle-même.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ La famille Desnoyers.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 10 mai 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son beau-frère Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_10_mai_1872&oldid=35707 (accédée le 9 octobre 2024).
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