Samedi 8 et dimanche 9 juillet 1871
Lettre d’Emilie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un mot d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff
8 Juillet 1871
Mon cher papa,
Je te remercie bien de ta bonne lettre qui m'a fait bien du plaisir. Comme je me plaignais de ne pas recevoir de lettre, maman[2] m'a dit d'écrire que cela me porterait bonheur et en effet je t'ai écrit le matin et j'ai reçu l'après-midi la gentille lettre que j'ai embrassée plus d'une fois.
J'aime bien Montmorency, mais je l'aimerais beaucoup plus si tu y étais. avant-Hier Jeudi nous avons été à Paris nous sommes rentrées hier soir à 7h.
Tante[3] viendra ce soir avec Jean[4], oncle[5] et oncle Alfred[6]. On a coupé des sureaux alors je m'amuse à retirer la moelle des branches. Mon cher papa comme je t'aime, comme je voudrais être avec toi. Avant-hier nous avons couché toute les deux[7] chez tante dans le même lit j'ai très-bien dormi. Tante m'a donné deux jolies petites poupées, un petit garçon habillé tout en blanc, avec une petite cravate noire, et un tout petit bébé qui remue les bras et les jambes. autrefois maman nous en avait donné comme cela, mais le mien n'a plus ni bras ni jambes, Marie a eu une jolie petite paysanne. Voilà la cloche du déjeuner, c'est le premier coup donc J'ai encore le temps de déposer un petit baiser dans ce cou que j'aime tant.
5h ½ Ce matin en allant déjeuner Pauline[8] donne une lettre de toi à maman, nous étions toutes fort contentes. Nous venons de lâcher les petits lapins, commencent courir ils ressemblent à des petits rats, j'en ai pris deux dans mes bras mais ils sentaient si mauvais que je n'ai pas pu les garder longtemps.
Tante, les oncles et Jean vont venir dans une demi-heure. Marie lit son histoire Romaine dans la chambre de bonne-maman[9] avec Cécile[10] et maman, moi je t'écris dans notre chambre ayant ma poupée derrière moi sur le lit de Marie, aujourd'hui je lui ai lavé ses affaires et repassées à l'aide d'Amélie[11] pour qu'elle ait toutes ses affaires propres pour demain Dimanche. Ma lettre ne partira que demain. Mon père chéri, je t'aime beaucoup. Je voudrais t'envoyer de très-belles choses, mais je pense qu'une petite fille bien sage, ou du moins qui voudrais l'être et qui t'aime de tout son cœur, te fera plus de plaisir que de l'or et de l'argent en quantité. Je viens de cueillir une petite branche de jasmin pour te l'envoyer père chéri se sera un petit souvenir d'amitié. Marie m'a donné ce matin un joli porte-aiguilles que maman a acheté hier au pauvre Diable. Adieu papa chéri.
Je t'envoie un gros bec et si j'étais là-bas je te permettrais de me manger beaucoup
Ta petite Emilie chérie qui t'aime énormément.
Bien des choses de la part de Cécile.
Maman, bonne-maman et Marie t'embrassent.
Dimanche 2h ½
La tante Mertzdorff[12] arrive à l’instant nous faire une petite visite. Je n’ai que le temps de te dire que nous allons tous bien ; et puis je t’ai envoyé une si longue causerie, hier avec Marie, qu’il est plus charitable à moi de remettre à ce soir à t’écrire.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le petit Jean Dumas.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Emilie et sa sœur Marie Mertzdorff.
- ↑ Pauline, domestique chez les Desnoyers.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Amélie, probablement domestique chez Alfred Desnoyers.
- ↑ Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 8 et dimanche 9 juillet 1871. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un mot d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_8_et_dimanche_9_juillet_1871&oldid=35667 (accédée le 21 novembre 2024).
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