Samedi 6 août 1892

De Une correspondance familiale




Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Paris) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)


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Samedi 6 Août[1]

Je n’ai pas trouvé ton pauvre oncle[2] trop bien, ma chère enfant, le pied s’était ajouté à la main & la dernière nuit avait été détestable. Enfin aujourd’hui il est mieux & a moins souffert depuis hier soir, malgré cela il a renoncé à aller, comme il y avait un peu pensé, passer 24 heures à Calais & j’espère même qu’il n’ira pas du tout avant de se mettre en route pour la Russie[3], Samedi soir, selon toutes probabilités.

Sauf que je vous quittais & que j’ai un peu cuit dans mon wagon, le voyage ne m’a pas paru trop long, le train est arrivé très exactement & j’étais ici avant 6 heures. Je me suis beaucoup félicitée de ne t’avoir pas laissée me reconduire jusqu’à Laigle & risquer ainsi de te fatiguer beaucoup. Tu es bien, il faut rester bien & être plus que sage pendant 2 mois encore[4]. Cela m’ennuyait fort de m’enfuir si vite & c’est avec un très vrai plaisir que je me serais un peu ancrée à Livet. Je m’y sentais très bien & puis cela est toujours bon & agréable de voir des gens heureux & quand, en plus, ce sont des gens qu’on aime, c’est la perfection. Je suis allée ce matin à une Messe de mariage puis chez Mme Brouardel[5] & chez ta belle-mère[6] qui n’était pas encore sortie & à qui j’ai pu donner de vos nouvelles à tous. mais je suis rentrée tard & je me hâte de t’écrire ce petit mot pour qu’il parte par le courrier de ce soir. Mme de Fréville ne va pas mal, quoique les bains qu’elle prend ne lui paraissent pas faire un effet merveilleux. Elle compte pourtant finir consciencieusement ce qu’il est convenu d’appeler une cure. Elle a eu l’air très enchanté de savoir que l’âge d’or régnait encore dans un petit coin de ce monde & que ce petit coin vous appartenait. Vite adieu ma chère enfant je t’embrasse très tendrement & fais des vœux pour que tu sois assez bien pour mettre à exécution ton aimable projet de Septembre.

amitiés à ton mari[7] & bons baisers aux enfants[8].

CMED

Ta tante L.[9] ne partira pas avant Mercredi ou Jeudi.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. Il doit assister à Moscou au Congrès international d'archéologie préhistorique et d'anthropologie.
  4. Marie Mertzdorff-de Fréville est enceinte de Françoise de Fréville, qui naîtra le 9 octobre 1892.
  5. Élisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.
  6. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (« Mme de Fréville »).
  7. Marcel de Fréville.
  8. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  9. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Samedi 6 août 1892. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Paris) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_6_ao%C3%BBt_1892&oldid=52188 (accédée le 24 avril 2024).

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