Dimanche 14 août 1892

De Une correspondance familiale




Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)


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14 Août 1892[1]

Chère fille,

Je vais partir si loin, si loin, qu’il faut que je laisse un petit mot derrière moi si je veux ne pas être oublié. Je viens donc t’embrasser encore une fois et te dire que je préférerais de beaucoup être à Livet que de courir les routes d’Allemagne et de Russie[2].

J’ai modifié mon itinéraire et je gagnerai Moscou par Bâle, Innsbruck, Vienne et Varsovie. Vous avez fait il y a 2 ans une partie de ce voyage et, si j’ai bonne mémoire, vous avez trouvé le pays très beau. C’est un peu la raison qui m’a déterminé à prendre cette voie d’autant plus Qu’il est probable que je rentrerai par Saint-Pétersbourg. Tout cela est long, fatiguant et ennuyeux. J’aurais tant aimé rester bien tranquille sous les ombrages de Launay. J’aurais été vous faire de petites visites et constater l’état d’avancement des murs de la tour. J’aurais aidé à rentrer votre foin et j’aurais erré avec les enfants[3] dans les bois. On est très bien chez toi, l’accueil est aimable, le pays est beau et j’y penserai souvent en traversant les grandes plaines russes.

J’espère bien qu’à mon retour tu pousseras jusqu’à Launay avant de rentrer à Paris et à La Roche[4] : nous nous faisons une fête de cette petite réunion.

Adieu chère Bonne et grande fille je t’embrasse comme je t’aime c’est à dire très tendrement. J’envoie beaucoup de baisers à ta couvée et toutes mes amitiés à ton mari[5].

AME


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Alphonse Milne-Edwards va assister à Moscou au Congrès international d'archéologie préhistorique et d'anthropologie.
  3. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville ("ta couvée").
  4. Le château de La Roche à Coudray-Monceaux (Essonne actuelle), qui appartient à Charles Oudinot de Reggio, où naîtra Françoise de Fréville le 9 octobre 1892.
  5. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 14 août 1892. Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_14_ao%C3%BBt_1892&oldid=52085 (accédée le 6 octobre 2024).

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