Samedi 5 août 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Cauterets) à ses beaux-parents Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité (Vieux-Thann)

original de la lettre 1876-08-05 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-08-05 pages 2-3.jpg


Samedi 5 Août 76.

Chers parents; j’ai écrit hier à l’oncle Georges[1] avec prière de vous communiquer la lettre. Nous prolongeons notre séjour de 2 à 3 jours parce que Marie[2] a un petit dérangement d’estomac, qui lui donne assez mauvaise mine & elle se trouve fatiguée. Mais j’espère que cet accident n’aura pas d’autres suites & que Lundi nous serons à même de d’entreprendre le petit voyage de 2 jours dans les gorges de Gavarni & après nous mettre à petites journées en route pour Bayonne.
Je suppose que c’est un froid qu’elle aura pris, par ces grandes chaleurs nous avons eu un brusque changement de temps, il pleuvait un peu & beaucoup de brouillards ont assez refroidi le temps pour qu’elle s’en ressente. Il est probable que sans le changement, réellement heureuse, de sa gorge, elle se serait mise à tousser, tandis que de ce côté nous avons tout lieu d’être satisfaits.
Cependant elle est loin d’avoir la mine de sa sœur[3], elle est parfois encore bien pâle & se fatigue facilement. je trouve qu’elle a maigris un peu. Mais nous pensons que le bord de la mer remettra tout cela.
Notre cure à Cauterets est finie, nous ne boirons plus les 3 verres d’eau & ne pratiquerons plus le gargarisme à grandes Eaux. tout cela est fini. 2 jours de repos & j’espère que la route ne fatiguera pas trop Marie.

Quelques courses à cheval, auraient peut-être fait du bien à Marie ; mais le vieux père[4] s’est trouvé tellement invalide après une petite course d’une heure ou deux qu’il n’ a eu la lâcheté de ne pas recommencer & l’on ne voulait pas sortir sans lui.
Voilà ce que c’est que d’être vieux & cassé. même cas pour la natation, c’est tout au plus si je puis me tenir sur l’Eau pendant quelques minutes. L’année passée je me tenais encore crânement au bord prêt à me mettre à la nage si besoin était. Je viens de faire un essai dans une grande & belle piscine ici & j’ai constaté que je suis invalide en natation comme en bien autres choses. C’est ainsi que peu à peu l’on s’en va.

Il fait de nouveau un temps superbe. la journée d’aujourd’hui ici va être utilisée par Aglaé[5] & Emilie en une partie d’âne, avec guide. l’on montera au lac de Gaube.
Nous deux, Marie & moi, tâcherons d’utiliser la journée par des plaisirs plus calmes.

Demain Dimanche les paquets & Lundi matin entre 6 & 7 une voiture nous emmène.
Mardi nous couchons à Pau. & mercredi à Bayonne d’où nous rayonnons pour chercher un gîte. de Bayonne à Biarritz un omnibus vous conduit en 40 minutes. il en part toutes les heures. & tout le long de la côte un chemin de fer, ce ne sera donc pas trop long à trouver à nous caser.

Nous attendons Alphonse[6] pour le 17 courant ? & nous pensons rester à la mer. je n’insisterai pas pour que l’on aille en Alsace, au contraire si ce séjour fait le bien que l’on en attend l’on y restera toutes les vacances & l’on rentrera à Paris.

Emilie a une mine superbe, jamais fatiguée, toujours entrain & de bonne humeur. si nous avions le bonheur de voir sa sœur prendre cet exemple, nous serions bien heureux ; mais nous en sommes encore loin. espérons que nous nous trouvons en bon chemin. Le principal est obtenu, elle ne tousse plus & sa gorge va réellement bien ; il s’agit maintenant de donner de la force.

Avant de quitter je tenais à vous tenir bien au courant de nos actions, dès que nous serons dans notre nouvelle installation je vous donnerai notre adresse avec tous les détails de notre petit voyage.

Nous vous croyons installés au Moulin. car voilà plusieurs jours que nous n’entendons parler de vous & cependant l’on en parle souvent ici à Cauterets
tout à vous  Chs Mff


Notes

  1. Georges Heuchel.
  2. Marie Mertzdorff.
  3. Emilie Mertzdorff.
  4. Charles Mertzdorff a 58 ans.
  5. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  6. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 5 août 1876. Lettre de Charles Mertzdorff (Cauterets) à ses beaux-parents Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_5_ao%C3%BBt_1876&oldid=35609 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.