Samedi 2 mai 1903

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai, 2 Mai[1].

Ma chère petite Mie,

Je commence par te faire des compliments bien bien sincères pour la nouvelle distinction dont ton cher mari[2] est l’objet et qui prouve une fois de plus combien son mérite est apprécié car c’est bien son mérite seul qui l’a désigné et je ne connais rien qui soit plus doux et meilleur pour une femme que de constater cela. Je me réjouis de te redire cela de vive voix mieux que par écrit et de vous dire à tous deux combien nous sommes heureux que cette « préoccupation » n’ait pas eu pour objet une affaire plus ennuyeuse ; je ne sais pas quelles difficultés cette proposition a pu amener pour vous, mais quoi qu’elle il en soit, le fond en est satisfaisant.

Voilà Jeanne[3] qui commence à se passionner pour les choses militaires, je l’en félicite et je comprends son enthousiasme pour la revue où figurait un uniforme particulièrement bien porté à son avis.

Jacques[4] compte toujours sortir Mercredi et mon intention est d’arriver Mardi à 10h (à 11h1/2 chez tante Cécile[5]). Je m’occuperai de ma robe l’après-midi pour être tout le plus possible à Jacques Mercredi.

Je me réjouis follement de te voir, ma chérie, il me semble que j’ai tant besoin de causer avec toi et de partager cette joie intime et calme que je suis heureuse de te voir malgré le sacrifice si prochain qui t’attend. C’est vrai qu’on a tant de bonheur à voir ses enfants heureux qu’on arrive à ne plus penser à soi. Elle va cependant bien te manquer cette chère grande qui remplit si bien la maison de son charme, de sa gaîté ; mais elle ne s’en ira pas loin et vous la verrez assez souvent pour pouvoir jouir de son bonheur bien complètement.

Je bavarde et j’oublie que tu ne dois même plus avoir le temps de lire une lettre, toi qui trouves cependant moyen d’en écrire !

Je t’embrasse et me tais.

Émilie


Notes

  1. Lettre non datée, à situer juste avant le mariage de Jeanne de Fréville avec René du Cauzé de Nazelle, officier de cavalerie, le 14 mai 1903.
  2. Marcel de Fréville (voir la lettre du 26 juillet 1903).
  3. Jeanne de Fréville (« cette chère grande »).
  4. Jacques Froissart, pensionnaire.
  5. Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Samedi 2 mai 1903. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_2_mai_1903&oldid=55021 (accédée le 20 avril 2024).

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