Samedi 17 juin 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Montmorency ou Paris)
Vieux-Thann 17 Juin
Samedi
Ma bonne petite Mère,
Où es-tu en ce moment ? Est-ce à Montmorency au milieu de ton bouquet de roses que je doive aller te trouver ? ou es-tu encore à Paris auprès de notre bon père[1] et de notre infatigable Julien[2] ?
Il n’est jamais question de ta santé, j’aime à en tirer la conséquence que c’est qu’elle est bonne. Je suis bien heureuse de savoir ma Gla[3] tout à fait guérie. Les forces pourront revenir maintenant, la cause d’affaiblissement n’existant plus. Si on lui conseillait les eaux de Bussang[4], nous pourrions lui en envoyer.
Sais-tu quels sont leurs projets pour les vacances ? Dis-lui qu’elle a admirablement bien réussi avec le manteau de Mme Mertzdorff[5], jamais elle n’a rien eu qui lui plaise autant, et elle le répète à tout le monde (Combien coûte-t-il ?)
11 h- Je suis en train de devenir sévère, ce qui étonne ces demoiselles[6]. Mais c’est utile, car on finit par trouver qu’on ne doit faire que jouer.
J’ai eu Charles[7] bien grippé, il est mieux maintenant et recommencera la semaine prochaine ses bains[8]. Hier j’ai été à la ferme avec les enfants. Nous menons toujours la vie que tu sais, travail, jardin et bon repos. Je t’écris de la serre, où je viens de donner mes leçons.
Tu me gâtes, ma chère Maman, avec tes bonnes lettres ; elles me font tant de plaisir, merci, merci, pour tout ce qu’elles renferment de bons, d’amicales, de bien plus que je ne mérite.
Vos jardins sont toujours magnifiques, est-ce que les fleurs poussent, il y a ici un vent d’est qui, malgré les arrosements arrête la végétation. Ce que nous avons en ce moment ce sont des melons magnifiques et excellents que je voudrais pouvoir te faire manger ! Quand viendras-tu nous trouver ?
Il est déjà tard, malgré mon désir de te dire toutes sortes de bonnes et tendres choses. Je vais arrêter là ma causerie. Mais tu sais combien je t’aime, ainsi toutes les phrases sont inutiles et pour des nouvelles, je n’en ai aucune à te donner. J’ai écrit à ma tante Target[9] pour lui faire tous mes compliments. Marie[10] doit être bien contente, il ne lui manque plus rien ! 5, ça commence à être respectable. Eh bien ! je suis sûre qu’elle va souhaiter une petite sœur ! son ambition doit aller jusque là.
Papa a fait les choses très bien et généreusement ! Je suis heureuse de le savoir si bien ce bon père !
Adieu, ma maman chérie, je t’embrasse fort et fort pour toi et les nôtres. Charles se permet d’en faire autant ainsi que nos fillettes.
Eug. M.
Notes
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards et sœur d’Eugénie.
- ↑ Bussang est une station thermale au sud-est de la Lorraine, aux confins de l'Alsace.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff et belle-mère d’Eugénie.
- ↑ Les petites Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Bains de Wattwiller.
- ↑ Eléonore Pauline Lebret du Désert, veuve de Louis Ange Guy Target.
- ↑ Sa fille, Marie Pauline Louise Target, épouse de Louis Joseph Buffet, vient d’accoucher de la petite Marthe ; elle a déjà 4 garçons : Pierre, André, Paul et Jean Buffet.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 17 juin 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Montmorency ou Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_17_juin_1865&oldid=42565 (accédée le 15 novembre 2024).
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