Samedi 15 avril 1899

De Une correspondance familiale




Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Brunehautpré, 15 Avril[1]

Ma chère petite Mie,

Me voilà encore bien en retard pour t’envoyer mes souhaits du 15 Avril qui ne t’arriveront que le 16, mais ce petit retard ne leur aura rien fait perdre de leur chaleur et tu sais, chérie, si c’est du fond de mon cœur qu’ils partent. Ne pensons plus aux chiffres, veux-tu, car nos âges deviennent vraiment trop respectables, mais pensons beaucoup qu’en devenant d’âge mûr nous nous aimons toujours autant, c’est si bon de le penser, si meilleur encore de se le dire et c’est ce que nous allons faire dans peu de jours.

Je voudrais pourtant l’éloigner cette date du 25 qui commence celle de nos ennuyeuses séparations d’été, cela va venir trop vite et chaque année cela paraît plus ennuyeux. C’est si bon d’être tous ensemble et si rare pour nous maintenant. Damas[2] repart déjà demain, nous le joindrons Mercredi soir et c’est Jeudi soir que Jacques[3] nous quittera.

Le temps est bien incertain et bien mauvais par moment. Samedi il n’a pas cessé de pleuvoir. André[4] nous a quittés à 1h au moment où nous partions pour Bamières.

Hier nous avons eu la visite d’un fermier et après son départ nous avons fait Damas, Jacques et moi une longue tournée de « propriétaires » ce qui est toujours intéressant mais quelquefois affligeant quand on constate des [dégâts]. Aujourd’hui Paul[5] fait dire à Campagne une messe pour sa mère[6] ce qui nous amène toute la famille à dîner, plus le curé[7] et le vicaire. Je t’écris bien vite avant de partir pour Campagne où nous devons arriver de bonne heure, ayant avant la messe un tapissier auquel il faut expliquer un travail à faire chez ma belle-mère[8].

Ma névralgie après avoir eu Vendredi et Samedi une période un peu plus aiguë (sans l’être beaucoup encore) va vraiment beaucoup mieux et je me sens moins [fatiguée].

Adieu ma chérie, que cette nouvelle année de ton âge soit bénie comme les autres et qu’elle ne t’apporte que du bonheur à toi qui en donnes tant à tous ceux qui t’aiment. Je t’embrasse plus de quarante fois et je suis toujours ta vieille

Founi[9]

Pardon de ce papier, il n’y en a plus à Brunehautpré.

[ ] j’ai travaillé pour la vente et lu plus que je ne pouvais l’espérer.


Notes

  1. La lettre est supposée écrite en 1899, quarante ans après la naissance de Marie Mertzdorff-de Fréville, le 15 avril 1859.
  2. Damas Froissart.
  3. Jacques Froissart.
  4. André non identifié.
  5. Paul Froissart.
  6. Élisa Parenty, épouse de Jules Froissart, décédée en 1884.
  7. Le curé de Campagne-les-Hesdin est Amable Deléval.
  8. Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
  9. Founi, surnom utilisé dans l'enfance d'Émilie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Samedi 15 avril 1899. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_15_avril_1899&oldid=54067 (accédée le 15 novembre 2024).

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