Samedi 11 février 1871 (B)
Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa belle-sœur Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris)
Lettre de Constant Duméril.
Morschwiller 11 Février 1871.
J’espère, ma chère Eugénie, que tu as reçu maintenant la lettre de Félicité[1], du 1er de ce mois, que notre bonne Adèle[2] en aura reçu une, de son mari, qu’Auguste[3] en aura reçu une, de Georges[4]. Ta lettre, du 31 Janvier, ne nous est arrivée que le 9 Courant : elle était bien vivement attendue, comme tu peux le comprendre : nous avions bien pensé que vous vous seriez retirés chez Emile[5], pendant le bombardement de votre quartier. Ce qui nous préoccupait le plus, dans ces derniers temps, c’était de savoir si les grandes privations, dont nous parlaient les journaux, n’auraient pas nui aux chers enfants[6] ; mais il paraît que vous avez été assez heureux, pour leur en éviter l’influence, puisque tous les trois sont resplendissants de santé, à ce que tu nous annonces.
Nous avons reçu la plupart des lettres de ce bon Auguste[7], qui avait soin de les numéroter, de sorte que nous savions quand il en manquait une : plus d’un ballon sont tombés chez les Prussiens. La dernière[8], celle écrite cinq jours avant sa fin, nous est arrivée quinze jours après que nous avions lu sa mort dans les journaux : tu comprends combien nous avons été touchés et attristés, en la lisant.
Peu d’hommes auront été aussi généralement regrettés que ce bon frère, qui n’avait que des amis.
Que de tristesse, que de deuils, de tous côtés, que de craintes encore ! Léon[9] est à Villefranche : sa Légion est prête à marcher, si la paix ne se fait pas : elle a été passée en revue à Lyon, le 5, et a reçu son drapeau. Les communications sont difficiles, avec cette armée : aussi, ne pouvons-nous pas souvent nous écrire.
Ma femme, qui va en ville, tout à l’heure, va emporter cette lettre, que je n’ai pas le temps de continuer. Elle vous a exprimé les sentiments de notre cœur. Je t’ai un peu entretenue des faits matériels : il ne me reste qu’à me joindre à elle, pour vous envoyer à toi, à ta chère Adèle, et à ton frère[10] nos tendres amitiés.
Ton frère affectionné
Constant Duméril.
Notes
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
- ↑ Charles Auguste Duméril.
- ↑ Georges Duméril, fils de Charles Auguste.
- ↑ Possiblement Emile Gibassier.
- ↑ Marie, Léon et Pierre Soleil.
- ↑ Auguste Duméril.
- ↑ Lettre du 7 novembre 1870.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Charles Auguste Duméril.
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 665-667)
Pour citer cette page
« Samedi 11 février 1871 (B). Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa belle-sœur Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_11_f%C3%A9vrier_1871_(B)&oldid=52359 (accédée le 18 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.