Samedi 10 décembre 1859

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff, avec un ajout de son frère Léon (Vieux-Thann) à leur père Louis Daniel Constant Duméril (Paris)

Original de la lettre 1859-12-10 (photocopie complétée par la famille Froissart).jpg


Vieux-Thann

10 Décembre 1859

Mon cher père

Comme maman[1] te l'a écrit tu as fait un bien grand vide au milieu de nous, la maison semblait déserte et la < > bien grande, heureusement que nous avons le bon espoir de te voir revenir et cette pensée rend tout heureux. A ton retour tu auras le plaisir de pouvoir te faire mordre par Mlle Mimi[2]. C'est une satisfaction qu'elle ne se refuse pas en tétant et sa dent lui sert déjà ; l'autre ne tardera pas je crois à paraître, du reste la chère petite n'a pas du tout de mal en train, son nez est bien débarrassé, elle a d'assez bonnes nuits et a repris toute sa gaîté, tu comprends combien j'ai été joyeuse de l'apparition de cette dent venue si facilement et sans nous donner d'inquiétudes. Maintenant il faut que je te parle aussi de la fameuse découverte[3] qui a tant occupé tout le monde et surtout maman comme tu peux le croire. C'est probablement une chose curieuse et intéressante, nous attendons avec impatience les éclaircissements de M. Desnoyers[4], mais ce qu'on n'éclaircira jamais c'est l'événement qui a fait cacher ce trésor dans un endroit aussi désert. Ici où l’on est si sot et cancanier le bruit a couru à plusieurs lieues à la ronde que nous avions trouvé une fortune soit 40 000 F, 80 000 ou même 400 000. Tu vois que la renommée a bien travaillé et a fait prospérer notre découverte. Aujourd'hui il fait un temps magnifique et probablement que Mimi et moi irons faire une petite visite à MM. les chasseurs. Adieu, mon cher papa, les bonnes[5] sont à la messe et je vais m'occuper de Mimi mais auparavant je t'envoie toutes nos plus tendres amitiés et nos meilleurs souvenirs et suis ta fille bien attachée.

C Mertzdorff

Mon cher papa, je ne veux point renchérir sur ces Dames, qui te donnent tant de détails, aussi aujourd'hui est-ce seulement pour te prier de ne pas oublier dans l'envoi de mes livres le dictionnaire allemand-fr. et fr. all. qui doit se trouver dans la petite bibliothèque de ton bureau, je crois qu'il pourra nous être fort utile dans nos leçons. Je te quitte à la hâte devant aller à Thann. Léon.


Notes

  1. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (nous ne possédons pas cette lettre).
  2. La petite Marie Mertzdorff est âgée de huit mois.
  3. Le 8 décembre, sur le terrain de l’usine, des ouvriers ont mis à jour un vase en grès contenant 3 000 pièces de monnaie d’argent datant du Moyen Age.
  4. Le trésor est confié à Jules Desnoyers, ami de la famille Duméril, géologue, archéologue et historien ; la plupart des pièces disparaissent lors de l’occupation de sa villa de Montmorency par les Allemands au cours du siège de Paris (1870-1871). Subsisteraient quelques bractéates d’argent à l’effigie de l’évêque de Bâle, Jean II Senn de Münsingen (1335-1365).
  5. Catherine, Marie Martin et Cécile Besançon (attachée à la petite Marie Mertzdorff) sont au service de la famille.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Samedi 10 décembre 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff, avec un ajout de son frère Léon (Vieux-Thann) à leur père Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_10_d%C3%A9cembre_1859&oldid=60139 (accédée le 24 novembre 2024).

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