Samedi 31 décembre 1859

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris)

Original de la lettre 1859-12-31.jpg


Vieux-Thann

31 Décembre 59

Mon cher père

Il ne sera pas dit que le 1er jour de l'année se passe sans que tu reçoives les vœux et souhaits de tes enfants ; il est vrai que tu n'en as pas besoin pour être sûr de l'affection qu'ils te portent et du bonheur qu’ dont ils voudraient te voir jouir ; mais puisque l'usage a fixé un jour particulier pour exprimer ce que l'on pense tous les jours il faut en profiter. Avant tout je veux t'adresser mes vifs remerciements pour les excellents achats que tu as bien voulu me faire ; tout ce que tu as acheté pour Mimi[1] d'abord a pleinement réussi, vêtements et joujoux ; la robe de chambre est telle que je l'avais rêvée et je ne sais pas auquel de nous elle plaît davantage, c'est justement la robe de chambre Charles[2] ; quant aux diverses étrennes que tu t'es occupé d'acheter je les approuve tout à fait et t'en remercie mille fois. Comme il semble qu'il y a déjà longtemps que tu nous as quittés, je suis sûre que tu trouveras encore Mimi bien changée, elle est si drôle avec ses trois dents qu'elle montre chaque fois qu'elle rit, puis il faut l'avouer tout bas elle est de plus en plus gentille.

MMMMM Voilà qu'elle vient de se réveiller et me voyant écrire, il a fallu lui prêter ma plume et lui faire faire ces charmants jambages que tu vois[3] ; ses deux bonnes-mamans[4] sont de plus en plus en extase devant elle. A mon grand regret mon cher père je ne puis t'écrire que quelques lignes à cause du grand nombre de lettres que je dois faire partir demain, j'en compte 10, mais tu m'excuseras n'est-ce pas. Après ces grandes gelées qui ont donné beaucoup d'ennuis à Charles, voici maintenant les eaux sales, et gare aux grandes eaux ! C'est terrible qu'il y ait toujours quelque chose.

Je te dirai aussi que depuis que je ne donne plus à téter la nuit je dors comme il n'est pas permis de le faire mais je vais beaucoup mieux et attends avec impatience d'engraisser. Adieu, mon cher père, nous t'embrassons tous bien bien tendrement, Mimi compris et nous attendons avec impatience ton retour.

Ta fille bien attachée

Crol


Notes

  1. La petite Marie Mertzdorff, née le 15 avril 1859.
  2. Charles Mertzdorff, époux de Caroline.
  3. Un petit gribouillage de la main de Marie, guidée par sa mère, précède la phrase « Voilà qu'elle vient de se réveiller ».
  4. Félicité Duméril, mère de Caroline, venue de Paris, et Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff, sa belle-mère.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Samedi 31 décembre 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_31_d%C3%A9cembre_1859&oldid=35601 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.