Mi-mai 1881-1
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mon cher Papa[1],
Quelle bonne nouvelle la lettre qu’Émilie[2] a reçue de toi contenait ! Nous allons donc te voir bientôt, pour quelque temps j’espère, et je pourrai te montrer ma petite fillette[3] chérie ! Je me réjouis bien de tout cela et je voudrais déjà tenir la lettre qui nous annonce définitivement ton arrivée. Malheureusement tu trouveras ta petite Jeanne en moins florissant état qu’elle n’est maintenant, on la vaccine demain et je redoute un peu pour elle la semaine qui va suivre cette opération. Depuis que je ne t’ai écrit, j’ai mené une vie assez agitée ; nous avons eu Mercredi un dîner chez M. et Mme Le Conte[4] (auditeur à la Cour) et pour cette circonstance il a fallu m’organiser une robe car je n’ai plus rien à mettre et je n’entre plus facilement dans mes vieilles affaires (je crains de marcher trop sur les traces d’Hortense[5]). Cette soirée s’est très agréablement passée. Maintenant nous combinons pour le 24 un autre dîner chez nous, 15 personnes, tu vois que c’est solennel ; mais auparavant nous voulons encore recevoir la famille avec Mme Roger[6] et cette réunion-là est fixée au 21 ; tu es compté des nôtre, mon Père chéri et il faut absolument que tu sois au milieu de nous Samedi ; nous te ferons grâce par exemple de celui qui t’ennuierait. Ces deux repas à organiser vont m’occuper cette semaine puis ensuite je préparerai tout pour l’arrivée de bon-papa et bonne-maman[7]. Tu vois mon petit Papa que je n’aurai pas le temps de m’ennuyer, ajoute à cela les nombreux repas de ma Jeannette, beaucoup d’instants passés à la bercer et à la contempler et je suis au bout de mes journées sans savoir comment. Heureusement je me porte à merveille et je ne me doute en aucune façon que mes fonctions de nourrice pourraient me fatiguer ; ma fille pèse maintenant plus de 10 livres.
J’ai vu Mercredi tante[8] et Émilie, on est venu après le cours de dessin pour m’aider à faire mes apprêts de toilette pour mon dîner. Au Jardin il y avait aussi grande réunion que j’étais bien fâchée de manquer mais il n’y avait pas moyen de faire autrement.
2h sonnent ! C’est effrayant, Marcel[9] vient me prendre à 3h et il faut d’ici là que j’aie écrit 2 lettres d’invitation, que je me sois habillée, aie goûté et donné à téter. Je sais bien qui sera en retard. Je te saute donc au cou, mon Père bien aimé avec le peu d’agilité qui me reste heureusement que l’élan de mon cœur est plus vif ; je t’embrasse comme je voudrais pouvoir le faire réellement.
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Lettre non datée, à situer après le 28 avril (date à laquelle Charles M. ne parle pas de son voyage) et avant la vaccination prévue fin avril-début mai).
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Jules Le Conte et son épouse Marie Léonie Gaillard.
- ↑ Probablement Hortense Duval, épouse de Marcel Aubry.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mi-mai 1881-1. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mi-mai_1881-1&oldid=35280 (accédée le 21 novembre 2024).
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