Mercredi 8 octobre 1817
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) – complétée par son amie Suzanne de carondelet - à son mari André Marie Constant Duméril (Châlons-sur-Marne)
243 B
8 Octobre 1817
Je t’assure mon bon ami qu’il y a quelques moments dans la vie où je te trouve le plus aimable des maris, c’est le plaisir que je viens d’éprouver à recevoir de tes nouvelles de la route qui me fait faire cette réflexion ; je te remercie très tendrement de ces quelques lignes qui me prouvent que tu as voulu faire plaisir à ton amie ; Tu ne me dis pas si vous avez souffert du froid, mais j’en conclus qu’il a été supportable.
Je voulais t’écrire dès hier, mais ma matinée fut remplie d’une succession de choses qui m’en ôtèrent absolument le temps. A la fin de la matinée nous fûmes voir les Dames Say, la bonne amie[1] et moi, pour savoir des nouvelles de Censeurs, et nous eûmes bien du plaisir à apprendre que leur condamnation était…
c’est moi, mon très cher Monsieur et ami, qui vais avoir le plaisir d’essayer, s’il est possible, de remplacer votre femme en venant fermer sa lettre parce qu’il lui arrive la visite de Mme Jules[2] et de sa belle-sœur Mlle rose[3] qui vient faire part de son mariage dont vous saviez sans doute quelque chose je ne vous en parlerai donc pas parce qu’il reste peu de temps avant l’heure de la poste. je vais finir la phrase que ma bonne amie a laissé en route et vous dire que ces MM. sont remis à trois mois de prison et l’amende au lieu de 5 000 à 1 000 F cela n’empêche pas qu’en sortant du tribunal ils ont déclaré qu’ils en appelaient encore à la cour de cassation. vous devez penser que nous avons trouvé la famille Say avec des figures très épanouies de ce dernier jugement et pleins d’espérance que tout se terminera à peu près au gré de leurs protégés désirs.
j’espère que vous vous doutez bien du certain contentement que j’éprouve à servir de suppléant à Mme Duméril[4] je suis bien véritablement fâchée que le peu de temps ne me permette pas de continuer son entretien auquel je trouverais beaucoup de plaisir. je veux pourtant vous dire qu’en mon particulier je m’aperçois très bien que le maître de la maison n’y est pas. voici ces dames qui partent je rends religieusement la plume à votre chère moitié pour ne pas lui ôter le plaisir de vous embrasser.
Je la reprends donc cette plume mais je pense bien que ce mélange ne laissera pas que de te faire un certain plaisir. Je n’ai guère d’autres nouvelles à t’apprendre. Nous avons eu hier soir une fort aimable visite des nouveaux mariés M. et Mme A. Torras[5]. M. Guersant a été beaucoup plus content aujourd’hui du jeune Magnin. Il a été dans le cas d’aller chez Mme Mallet, rue neuve des petits champs, elle est assez souffrante. Du reste on t’a fort peu demandé. Il est arrivé le certain pâté d’Amiens, et nous ne savons si nous devons le manger ou t’attendre.
Tout le monde est bien ici, tes fils[6] fort turbulents, Auguste faisant des phrases charmantes. Adieu mon bien bon ami, pense à moi le plus que tu pourras.
J’oubliais de te dire que la chose que nous pensions un peu pouvoir être, à cause de certain retard, n’existe pas, car hier matin la chose retardée est arrivée. Adieu, je t’embrasse.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 1-3)
Annexe
A Monsieur Duméril
Président des Jurys de médecine
à la mairie
à Châlons-sur-Marne
Pour citer cette page
« Mercredi 8 octobre 1817. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) – complétée par son amie Suzanne de carondelet - à son mari André Marie Constant Duméril (Châlons-sur-Marne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_8_octobre_1817&oldid=59654 (accédée le 21 novembre 2024).
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