Mercredi 6 juillet 1887 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à sa belle-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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6 Juillet 1887

Ma bonne Marie, la dépêche d’hier, arrivée à 11h a été lue avec émotion et reconnaissance envers Dieu. Quelle sera celle d’aujourd’hui ? Je veux espérer. Je reviens de la messe et la fraîcheur de l’air était telle que je me figure que Paris doit être moins étouffant car il y a certainement eu un orage dans cette direction. Ici on n’a rien vu ni entendu, sauf nounou (Marie Gérard) qui a entendu du tonnerre du côté de Paris. Vers 5h le temps a complètement changé, la température était toute différente et nous avons passé la soirée dans la Bibliothèque par prudence pour les enfants[1] qui, du reste, vont très bien.

Charles et Robert toussent quelquefois mais leur gosier est en très bon état ; ils mangent et dorment bien et quant à la sagesse, elle est pour chacun à un degré supérieur de celui qu’on pouvait attendre de leur âge. J.[2] s’informe des soins que vous pouvez rendre à votre bonne tante[3], elle voudrait savoir si Pauline[4] la soigne et ce qu’on lui fait - mais la compagnie de ses frères et ses petites occupations l’empêchent de s’approfondir plus qu’il ne faut, sur la tristesse que nous ressentons tous.

Quand Robert a cru vu que je montais en voiture ce matin, il a cru que je me s’en allais à Paris, mais ce n’était pas une manière de me renvoyer, ils sont tous gentils et affectueux avec moi d’une manière qui m’étonne car je ne prends aucun ménagement pour leur dire leurs vérités. Jeanne a demandé, d’elle-même, à dire le Souvenez-vous chaque jour à l’intention de sa bonne tante. Vous voyez que tous ici partagent vos sentiments.

Ma bonne Marie, je veux terminer pour n’être pas surprise par le facteur ; d’ailleurs, je n’ai rien à ajouter ; vous savez ce que je pense et ce que je ressens.

J’embrasse vous et Marcel[5] de tout mon cœur.

S. de F.

Avez-vous reçu votre robe ce matin ? Louis[6] l’a portée à Nogent vers 2h. Thérèse[7] y a joint un corsage qui a besoin d’une rectification de Mme Pinel. La valise est adressée 14 rue Cuvier. Il va sans dire que vos trois grands vous embrassent de tout cœur ainsi que leur papa.

Bismuth, quinquina[8]

Timbres [ ]


Notes

  1. Jeanne, Robert, Charles et Marie-Thérèse de Fréville.
  2. Jeanne de Fréville.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, qui vient d'être opérée.
  4. Pauline, employée de maison (chez les Desnoyers?).
  5. Marcel de Fréville.
  6. Louis, employé par les de Fréville.
  7. Thérèse, bonne chez les de Fréville.
  8. Notes crayonnées en marge.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 6 juillet 1887 (B). Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à sa belle-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_6_juillet_1887_(B)&oldid=35217 (accédée le 4 octobre 2024).

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