Mercredi 5 mai 1875
Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mercredi 3h ½
Mon cher Charles, je regrette que vous ne puissiez pas voir par vous-même la mine de Marie[1], et l’entendre rire ; car vous seriez bien tranquille sur son compte. En ce moment cette vilaine fille m’aide à vous écrire en me racontant mille et mille choses sur cet affreux M. Pontonnier[2] qui n’est pas venu la voir hier et qui la laisse dans son lit pour la fête de demain ; sur la qualité de son eau sucrée ; sur le petit bonnet au crochet qu’elle fait en ce moment && puis elle me récite le discours qu’elle a débité il y a 3 ans à M. le Curé …vous voyez que ce grand bavardage est bien bon signe.
En somme, notre malade va aussi bien que possible, elle mange parfaitement, dort très bien tout en toussant un peu au commencement de la nuit ; elle rit sans cesse, enfin je pense qu’elle va obtenir rapidement la permission de se lever et de se purger car elle commence son 19e jour de lit !... La vilaine bavarde, elle m’a promis de me laisser écrire en paix et elle ne cesse de jaser. Elle me charge de vous dire qu’elle vous adore, qu’elle pense sans cesse à vous et qu’elle désire bien se lever et qu’elle est un peu ennuyée contre M. Dewulf qui ne vient pas lui donner la permission de se lever.
Emilie[3] va parfaitement, elle est au cours ; il fait chaud ; aussi je ne suis nullement inquiète sur elle. Nous allons tous bien, je ne suis presque plus fatiguée. Jean[4] va mieux mais ne se lève pas non plus.
Un coup de sonnette vient de se faire entendre. Marie a cru que c’était son médecin mais comme personne ne monte elle s’est trompée.
Nous continuons la chaîne de Marguerites[5] avec le même bonheur. Je ne pouvais plus la faire se coucher Emilie tant la lecture la captivait ; à 9h ce matin Marie s’est réveillée, vous voyez qu’elle augmente la nuit.
Je vais vous quitter pour peigner Marie qui m’attend avec impatience et qui sans doute pour cela ne peut s’interrompre de bavarder.
Adieu, mon cher Charles, nous vous envoyons nos meilleures amitiés.
AME
Marie vous remercie un million de fois de votre lettre et vous fait dire que vous êtes bien, bien gentil.
Bien des amitiés à bonne-maman[6] ; faites je vous en prie tout ce que vous pourrez pour qu’elle vienne occuper votre chambre en votre absence.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff, après une rougeole.
- ↑ Facétie verbale de Marie : Louis Joseph Auguste Dewulf, médecin, est l’époux de Claudine Marie Félicité Justine Pontonnier.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ La Chaîne de marguerites, par Charlotte Mary Yonge, traduit de l'anglais par Mlle Rilliet de Constant (une 4e édition est parue en 1874).
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 5 mai 1875. Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_5_mai_1875&oldid=54270 (accédée le 9 octobre 2024).
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