Mercredi 30 octobre 1918

De Une correspondance familiale

Lettre de Guy de Place (mobilisé), au nom de la Société Duméril Jaeglé et Cie, à Joseph Jean Marie Miramond de Laroquette (Lyon)

original de la lettre 1918-10-30 page 1.jpg original de la lettre 1918-10-30 page 2.jpg


Reçu le 4.11.1918

Duméril Jaeglé et Cie
Vieux-Thann
(Alsace)

Le 30 Octobre 1918

Monsieur Miramond de LaRoquette
Inspecteur de l’Enregistrement
Lyon

Monsieur Meng m’a transmis votre honorée du 25 courant. Je vous remercie vivement de son contenu et tiens à vous préciser le sens de ma demande : Celle-ci a pour but de permettre à la société Duméril, Jaeglé et Cie de souscrire à l’Emprunt[1] actuel pour la totalité de l’acompte que l’Intendance doit mettre à votre disposition en notre faveur. Au moment où les efforts de tous sont dirigés vers le succès de la nouvelle émission il serait vraiment très regrettable (et il ne me paraît pas douteux que vous êtes de cet avis) qu’une souscription de cette importance soit entravée par des formalités qui peuvent être mises de côté dès à présent.

En ce qui concerne la vérification de nos livres que vous désirez, celle-ci me paraît pouvoir être faite sans attendre davantage : il n’est pas dans ma pensée de peser sur votre décision pour la désignation de l’expert chargé de ce travail : vous me permettrez néanmoins de vous proposer M. Helmer, notaire à Saint-Amarin, Alsace française. Cet officier ministériel qui vient de recevoir la légion d’honneur jouit de la confiance particulière de l’Administration.

Il résulte de votre lettre du 25 Octobre que l’Intendance vous a déclaré n’avoir pas encore reçu les crédits nécessaires au paiement. En présence de cette situation je me suis présenté aujourd’hui même au Ministère de la guerre où j’ai été reçu par le chef du Bureau de la 5e direction[2]. Par son intermédiaire le ministre[3] m’a fait savoir que l’Intendance avait été avisée dès le 24 Août d’avoir à vous remettre les 500 000 F en question : dès lors, ou bien l’Intendance aurait dû demander les crédits nécessaires (et elle ne l’a pas fait) au cas où la somme est imputable à un exercice précédent, ou bien elle doit, sans attendre prélever l’acompte sur l’exercice en question du moment que la marchandise est réquisitionnée ; il est dans tous les cas inadmissible que les choses ne soient pas encore réglées.

J’ai été invité par la 5e direction à faire immédiatement une réclamation dans le sens ci-dessus à la direction de l’Intendance de Lyon en précisant en outre les motifs de l’urgence afin que toute responsabilité soit établie vis-à-vis du ministre au cas où je serais du fait de ce retard dans l’impossibilité d’apporter à l’Emprunt le concours que je désire et qui m’a été spécialement demandé par le gouvernement français d’Alsace-Loraine.

J’adresse donc par le même courrier ma réclamation à Lyon et vous prie de recevoir, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

Signé : D.J.C.

Il m’a été signalé à la 5e direction que les crédits mis à la disposition de l’Intendance de Lyon depuis le 1er octobre étaient tels que cette administration ne peut en aucun cas invoquer un manque de fonds.


Notes

  1. Emprunt de la Défense nationale lancé en octobre 1918.
  2. Le Bureau de la 5e direction est celui de l’Intendance.
  3. Georges Clemenceau, ministre de la Guerre de novembre 1917 à janvier 1920.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 30 octobre 1918. Lettre de Guy de Place (mobilisé), au nom de la Société Duméril Jaeglé et Cie, à Joseph Jean Marie Miramond de Laroquette (Lyon) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_30_octobre_1918&oldid=35181 (accédée le 22 décembre 2024).

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