Mercredi 25 juillet 1900

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai puis Brunehautpré), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris ou Livet)


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Douai, 25 Juillet 1900

Brunehautpré

Ma chère Marie,

C’est de Brunehautpré que je t’écris : nous venons d’y arriver et je ne puis mieux employer mon temps, après avoir donné tout ce qu’il faut pour faire les lits, et en attendant que nos bagages arrivent, qu’en venant causer avec toi.

Je ne t’ai pas écrit ces jours-ci parce que nous avons été vraiment un peu bousculés. Lundi nous avons eu depuis 11h nos cousines Parenty des tabacs (la mère[1] et les 2 filles[2]) et le soir grande table de 20 couverts avec notre clergé et les Parenty de Douai[3]. Il est vrai de dire que les enfants qui figuraient tous à table occupaient un grand nombre de couverts. Nous nous sommes décidés Lundi soir à fixer au Mercredi surlendemain à 7h du matin le grand départ, aussi a-t-il fallu mettre hier les morceaux doubles ; nous n’avions rien commencé encore. J’ai laissé en arrière Françoise et Élodie[4] qui vont arriver tout à l’heure, et j’ai laissé malheureusement aussi mon pauvre mari[5] qui ne sait encore quand il pourra venir nous rejoindre. Il reste tout seul avec l’ordonnance, ce n’est pas gai. Jacques[6] va coucher avec lui Dimanche pour aller assister Lundi à sa distribution de prix ;

Nous n’avons pas trouvé ici la fraîcheur mais, par contre, un nombre incalculable de mouches.

Le voyage des tourterelles a été des plus émouvants : elles étaient en train de couver pour la 4e fois, les pauvres petites ne voulaient pas quitter leur nid malgré un changement de cage et les cahots de la voiture ; mais les œufs ont roulé hors du nid, se sont cassés et nous avons dû les abandonner en route. Je pense qu’elles ne tarderont pas à recommencer, bien que je ne tienne pas à les voir se multiplier à l’infini, 3 c’est déjà bien.

Merci beaucoup du petit mot et de l’adresse que tu m’as envoyés Dimanche soir ; j’ai écrit hier à Mme Gantois[7] ; après avoir reçu une réponse de M. Bourgoin qui veut bien louer sans bail, mais demande 1700 au lieu de 1800, dit-il (le concierge nous avait dit 1750). Si Mme Gantois pouvait nous laisser l’appartement dès maintenant, ce serait plus commode pour tante, peut-être aussi en profiterions-nous avant la fin des vacances. Merci des renseignements que tu me donnes sur la concierge.

Je me demande si je dois t’adresser ma lettre à Livet ou à Paris ; de toute façon elle te parviendra et saura bien, là où tu seras, te porter toutes les tendresses de ta vieille sœur.

Émilie

Adieu petite sœur chérie, je t’embrasse tendrement encore une fois, et te charge de distribuer mille amitiés à ton jeune entourage, sans oublier Henriette[8] si tu es avec elle ! Marie Thérèse[9] a écrit une gentille petite lettre à Jacques.

Je crains, comme toi, que le déménagement du Jardin[10] ne dure indéfiniment et que notre pauvre tante[11] sache très peu se faire aider.


Notes

  1. Marie Clémentine Rose de Santi, épouse d'Henry Parenty (directeur de la Manufacture des Tabacs de Lille).
  2. Possiblement les plus jeunes, Solange Marie Henriette et Marguerite Marie Agathe Parenty.
  3. Henri Parenty (avocat à Douai) et son épouse Madeleine Decoster ; ils ont au moins quatre enfants.
  4. Employées chez les Froissart : Élodie Lecomte, épouse de Nestor Bricout, et Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard.
  5. Damas Froissart.
  6. Jacques Froissart, qui vient d'être reçu au baccalauréat classique (1re partie).
  7. Hypothèse : Élise Claire Cranney, veuve d'Henri Gantois.
  8. Possiblement Henriette Baudrillart, veuve d'Albert David-Sauvageot.
  9. Marie Thérèse de Fréville.
  10. Le déménagement après la mort d'Alphonse Milne-Edwards.
  11. Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mercredi 25 juillet 1900. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai puis Brunehautpré), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris ou Livet) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_25_juillet_1900&oldid=56483 (accédée le 21 novembre 2024).

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