Mercredi 24 mai 1882

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)



Paris 24 Mai 82

Comment ai-je fait mon cher Papa, pour n’être pas venue dès hier te remercier comme je le voulais pour la délicieuse caisse de fleurs que nous avons reçue ! Tu es vraiment trop bon, mon Père chéri, de nous gâter de la sorte ! tu ne saurais croire le grand plaisir que j’ai à contempler ces gentilles petites vieux-thannoises qui viennent de si loin pour égayer mon petit jardin, elles me semblent plus jolies que d’autres. Notre massif est entièrement planté de géraniums et les autres petites plantes sont disséminées le long des plates-bandes. Elles avaient la tête un peu basse en arrivant mais la pluie naturelle et artificielle qu’elles ont reçue leur a fait le plus grand bien et aujourd’hui elles sont redressées et regardent bien en face toutes ces hautes maisons qui leur paraissent si étranges. Il n’y a qu’une chose qu’elles reconnaissent c’est le noir de fumée qui tombe sur leurs feuilles ici comme là-bas. Les 2 aspidistras sont superbes aussi, je suis bien aise qu’ils ne soient pas panachés car ils seront plus résistants nous les avons mis dans notre bac et demain ils orneront le bas de l’escalier car nous avons du monde à dîner. La seule petite imperfection de l’envoi que je dois te signaler c’est que l’adresse était mal mise, au lieu de rue Cassette on avait mis rue Cassas ; cela n’a pas empêché la caisse d’arriver exactement. Et quelle jolie petite caisse ! elle a été ouverte avec soin et est toute prête à rendre de nouveaux services.

Enfin mon cher Papa c’est un bloc de remerciements que je t’envoie. Comment vas-tu ? Tu dois être un peu fatigué si vous avez comme nous depuis 3 ou 4 jours un temps lourd et orageux. Jeanne[1] depuis 2 nuits dort très mal, est fort grognon sans que nous sachions trop pourquoi. C’est peut-être sa 12e dent qui la fait souffrir. Du reste nous allons tous bien. Maurice[2], mon 3e neveu, le contemporain d’Hélène[3], est malade depuis quelques jours d’une petite fièvre muqueuse, on espère que ce ne sera rien de sérieux. Nous dînons ce soir au Jardin avec M. Delapalme et sa fille[4]. Hier j’ai vu longtemps tante[5] et Émilie[6] et nous n’avons fait que rire ensemble ; Émilie est extrêmement gaie dans ce moment.

Adieu, mon cher Père, il faut absolument que je sorte pour terminer plusie faire plusieurs courses en prévision de mon dîner de demain ; j’aimerais mieux, je t’assure, continuer à causer avec toi. Je t’embrasse de tout cœur, comme je t’aime, mon Père chéri, quand donc te verrons-nous ?

ta fille

Marie


Notes

  1. Jeanne de Fréville.
  2. Maurice Barbier de la Serre, né en 1878.
  3. Hélène Duméril.
  4. Émile Delapalme  et sa fille Geneviève.
  5. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  6. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 24 mai 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_24_mai_1882&oldid=35098 (accédée le 19 avril 2024).

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