Mercredi 21 mai 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à ses filles Marie et Émilie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1873-05-21 pages 1-4.jpg original de la lettre 1873-05-21 pages 2-3.jpg


Vieux-thann le 21 Mai 73.

Mes chers Enfants

J'aurais dû vous écrire déjà hier pour vous dire que j'ai fait bon voyage & que je vais bien.

Et voilà déjà 1 heure, j'ai donc dîné Melcher[1] va venir & je n'ai encore rien écrit !

Mon voyage s'est fait assez désagréablement. En partant mon Cocher trouve que je doit aller à l'heure aussi 5 minutes de plus & je manquais le train.

En route un vis-à-vis de moi un pauvre voyageur toussant, crachant, soupirant, se lamentant ; si malade enfin que je craignais qu'il n'expire en route. Le pauvre malheureux est malade depuis plusieurs jours & au lieu de consulter un médecin à Paris & se faire soigner il a préféré revenir à Mulhouse. Je me demande s'il vit encore.

A mon arrivée j'ai trouvé bonne-maman[2] qui attendait le train pour avoir des nouvelles de tous. Nous avons si bien causé que j'ai parfaitement oublié mon déjeuné. Elle aurait désiré que je l'accompagne Morschwiller. Mais j'ai tant à faire ici que je lui ai promis que j'irai y passer ma journée de demain fête.

C'est ce que je ferai & cependant j'aurais de beaucoup préféré continuer le travail que je fais en ce moment.

A Morschwiller tout le monde va bien, le petit Tachard[3] va un peu mieux, cependant ses pauvres parents[4] ont encore bien des craintes pour la vie de leur cher enfant.

Arrivé à 11 h ici j'ai trouvé l'Oncle Georges[5] qui m'attendait & qui aussi voulait avoir tous les détails de notre séjour à Paris de sorte que midi sonnait je n'étais pas encore monté pour un peu faire de toilette ; il est vrai que nous n'avions pas de poussière & que la couche habituelle de crasse qui vous couvre après 15 heures de chemin de fer était réduite.

Je n'ai pas besoin de vous dire que Nanette[6] n'était pas contente de ne pas vous voir & surtout de ne pas vous faire les honneurs de sa basse-Cour contenant 21 petits poussins.

Léon[7] est venu hier à 2 h, son heure habituelle, je lui ai trouvé bonne mine, il a passé sa journée à la fabrique, a soupé avec moi & nous avons passé ensemble la soirée à causer de toute chose jusqu'à 10 h.

Dans la journée j'étais fatigué n'ayant pas fermé l'œil de toute la nuit ; aussi n'étais-je pas fâché de me coucher de bonne heure.

La nuit m'a bien profité me voilà tout à fait dispos à faire le petit travail que j'ai déjà commencé.

Je ne vous parlerai du Jardin que par ce que j'ai vu de la fenêtre de la salle à manger, cela me paraît beau mais hier il a fait si froid ici que nous avons fait faire un peu de feu le soir après notre souper.

Ce matin beau soleil, chaud & baromètre au beau.

Sur mon passage dès 4 h du matin malgré un épais brouillard & pluie j'ai pu constater que les champs généralement ne sont pas beaux.

Melcher réclame ; je termine ; comme je serai peut être seul cette soirée je compte vous écrire plus au long.

Demain à Morschwiller je ne vous écrirai pas.

Embrassez bien pour moi Oncle & tante[8] & pour vous deux chères enfants mes plus tendres baisers

Charles M


Notes

  1. Melchior Neeff, le concierge.
  2. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  3. André Pierre ou son frère Pierre Albert Tachard.
  4. Albert Tachard et son épouse Wilhelmine Grunelius.
  5. Georges Heuchel.
  6. Annette, cuisinière chez les Mertzdorff.
  7. Léon Duméril.
  8. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 21 mai 1873. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à ses filles Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_mai_1873&oldid=61761 (accédée le 15 novembre 2024).

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