Mercredi 20 juin 1860
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris)
20-11-1860[1]
Ma chère Maman
Je suis toute étonnée en recevant vos lettres d'apprendre que Léon[2] part demain ; Charles[3] est en ce moment à la bourse mais son intention me disait-il est d'écrire à Léon pour lui donner plusieurs commissions à ce que je crois ; en tous cas il ne pensait pas du tout que ce voyage à Paris serait si court ; il me semble que la dépense et le déplacement étant faits il vaut mieux en profiter un peu plus, et je trouve que huit jours encore ne seraient pas trop, nous pensions toujours le voir rester 3 semaines. Tu comprends bien le plaisir que nous aurons à le revoir et ce que j'en dis est tout à fait pour lui mais réellement il fera mieux de profiter encore un peu et de rester avec bon-papa[4] un peu plus longtemps. Ce n'est plus un enfant à qui on n'ose pas donner un congé de peur de le voir négliger ensuite ses occupations. En tous cas je désire qu'il ne parte pas demain, car je le répète, je crois bien que Charles a des commissions encore à lui donner. Il paraît que ma lettre a été mise à la poste très tard Lundi, je vous en fais mes excuses.
Maintenant, ma chère maman j'ai à t'annoncer une grande nouvelle que je te prie de garder tout à fait pour toi, papa[5] et Léon ; c'est que Mimi[6] ne sera plus fille unique au printemps selon toutes les apparences[7]. Je sais que cette nouvelle va te contrarier mais nous en sommes bien heureux. Je me portais si bien que je ne pouvais être en de meilleures dispositions, et d'ailleurs jusqu'à présent cette grossesse s'annonce parfaitement, j'ai bien quelques petits malaises mais après <ce que> j'ai souffert la 1ere fois, je puis dire que je n'ai rien du tout. Moi je crois être enceinte depuis près d'un mois, je le croyais déjà à Paris mais tu sais que Charles n'aime pas que l'on parle de ces choses aussi te supplie-t-il de n'en rien dire même au Jardin avant que la chose soit un peu plus avancée, tu me le promets n'est-ce pas. Je mange beaucoup et dors très bien, j'engraisse même assez ainsi tu vois que <cela ne> doit te donner de préoccupations.
Lundi j'ai fait des visites chez Mme Kestner[8] etc. Mme Kestner a été très attristée de la mort de Mme Stéphanie que je lui ai apprise, elle m'a demandé beaucoup de détails que je n'ai pu lui donner puisque vous ne m'avez rien dit à ce sujet, je lui ai promis de lui faire savoir ce que vous me communiqueriez.
Mimi est très bien mais ce mauvais temps est désolant pour elle ; hier pourtant nous sommes allées à la ferme[9] ; car je vais et viens sans en souffrir le moins du monde tu vois que c'est une grande différence avec l'autre fois.
Adieu ma chère maman. Cette fois je veux donner ma lettre à M. Hermann afin d'être sûre qu'elle ne manquera pas Léon. Adieu mes chers parents je vous embrasse tous trois bien tendrement
Crol
Notes
- ↑ Mention ultérieure erronée.
- ↑ Léon Duméril, frère de Caroline.
- ↑ Charles Mertzdorff, mari de Caroline, est à Mulhouse, jour de la Bourse.
- ↑ André Marie Constant Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Marie Mertzdorff, fille de Caroline et Charles.
- ↑ Emilie Mertzdorff naîtra le 14 février 1861.
- ↑ Marguerite Rigau, épouse de Charles Kestner.
- ↑ Propriété de Charles Mertzdorff, à Cernay.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 20 juin 1860. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_20_juin_1860&oldid=41390 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.