Mercredi 1er mars 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Mercredi 1er Mars 11 h 1/4
Je ne laisserai pas partir la lettre de Mimi[1] sans aussi griffonner quelque chose à cette petite dame qui est si lancée maintenant dans le grand monde que je suis bien reconnaissante qu’elle n’oublie pas les ours de Vieux-Thann. Mais c’est qu’on l’aime bien ici et qu’on se fait une grande fête de la voir arriver avec le cher oncle Alphonse[2]. D’abord il faut vous arranger pour nous donner un peu plus de temps et pour cela il faut prendre sur la semaine Sainte (nous ferons maigre ensemble, le plaisir de nous voir nous rassasiera) puisque vous ne pouvez pas prolonger ensuite, et le motif est trop triste pour qu’il ne passe pas avant nous.
Ici les santés n’ont que des rhumes, nous y passons tous, les nez surtout font des musiques dignes du Carnaval ; j’ai été un peu fatiguée, c’est à dire que <tout mon> (c’est une nouvelle feuille de papier) tant que les enfants[3] ont été malades je n’ai rien senti, mais depuis j’ai des sommeils que je ne puis satisfaire qu’avec 10 heures de somme non interrompu, c’est le régime que Charles[4] m’oblige à suivre. MmeMertzdorff[5] n’est pas encore tout à fait bien, le moindre froid lui redonne de la toux. Que je suis heureuse de savoir maman[6] si bien.
Lundi est le mariage de MlleAndré[7], je crois qu’on nous croit invités au repas, enfin si réellement ils tiennent à nous avoir je mettrai ma robe havane, et ma petite coiffure du contrat peut-elle aller, mon col de dentelle et pour les manches comment faut-il arranger cela ?
T’ai-je dit que MmeBerger[8] avait un gros garçon ; elle va très bien heureusement, voilà à la tête de 4 les familles sont généralement nombreuses, nous avons une cousine qui vient d’avoir son 12e et tous sont vivants.
Quelle triste nouvelle que la mort de M. Robert.
Ici il n’y a que de tristes nouvelles ; les affaires sont toujours bien mauvaises. Voici encore de nouveaux établissements fermés à Cernay dans les Vosges &&. pauvres ouvriers, c’est que la charité ne peut pas remplacer ce que l’industrie leur donne. Ici Charles garde autant que possible ses ouvriers et jusqu’à présent nous n’avons pas trop de misères.
Demain je m’exécute, j’irai faire des visites seules car je pense Lundi voir du monde au mariage de Mlle Julie. MmeZaepffel[9] viendra la semaine prochaine passer quelques jours au Vieux-Thann.
Comme les enfants étaient souffrantes nous n’avons pas mis nos costumes ; les voilà cependant tout prêts et je leur mettrai un de ces Dimanches. Si tu voulais m’envoyer 2 m de dentelles de 10 cm de haut soit en dentelle de laine soit en Cambrai, quelque chose de bien raide pour faire la garniture des bonnets et un mètre 1 m 20 d’étoffe pour les tabliers, maman sait mieux que nous ce qu’il faut. Puis l’atlas[10] pour Mimi.
Adieu, ma Chérie, je t’embrasse bien bien fort, écris-moi, tu sais le plaisir que j’ai à recevoir vos lettres.
Notes
- ↑ Mimi, Marie Mertzdorff, fille de Charles.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff et mère de Charles.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Julie André épouse Léonce Berger.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger, le frère de Léonce ; elle vient d’accoucher de Charles Berger.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel et belle-sœur d’Eugénie.
- ↑ Atlas de Meissas et Michelot, demandé dans la lettre du 9 février 1865.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 1er mars 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_1er_mars_1865&oldid=35003 (accédée le 22 décembre 2024).
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