Mercredi 16 octobre 1912

De Une correspondance familiale



Lettre de Damas Froissart et son épouse Émilie Mertzdorff (Douai), à leur fils Michel Froissart (Paris)


Fs1912-10-16 pages1-4 Damas Froissart+Emilie.jpg Fs1912-10-16 pages2-3 Damas Froissart+Emilie.jpg


Douai, 16 octobre, 1912[1]

Mon cher Michel

Je t’envoie le chèque après l’avoir rendu plus [Jeune] : j’espère qu’il satisfera [sadla[2]].

Notre déménagement est devenu une opération fort incertaine comme date : les [cadres] de la Maison Bedel[3] ne sont pas arrivés : il se pourrait qu’ils n’arrivent pas avant 2 jours et alors le rêve de finir pour le lundi 21 au soir, avant d’aller le 22 à l’anniversaire d’Hazebrouck s’évanouirait.

Nous allons en attendant :

1° chez le portraitiste

2° au congrès catholique d’Arras (qui se termine ce soir).

Il se pourrait que, à la suite de nos visites d’adieu (où nous laissons des cartes) et d’un envoi de cartes d’adieu, il arrive des cartes « accusé de réception ». Gardez tout ce qui n’est pas affranchi à 0.10.

Tu ferais bien de [faire] pour toutes les questions que se poseront comme pour la double sonnerie du téléphone : on aura oublié ce que nous avons longuement expliqué il y a 3 mois ou il y a 8 jours !

Mais pour les appareils il vaut mieux attendre que nous ayons apporté d’ici quelques appareils de gaz susceptibles d’être transformés.

Mille amitiés : travaillez en [ ].

D. Froissart

Eh bien ! oui, nous avons un jardinier[4] ! Et voilà comment les plus grands événements s’accomplissent sans bruit. Mais est-ce un jardinier ? Là est toute la question. C’est le filleul de Gaston[5] que Marguerite a dressé très bien à la culture du potager et initié dans une certaine mesure à celle des fleurs, mais il est très susceptible de perfectionnement, dit-elle, et ne demande qu’à apprendre afin de se lancer dans les cultures compliquées. Il y a du moins cela de certain qu’il est très honnête ; tempérament dévoué comme il nous les faut ; se mettant volontiers à tout ce qu’on lui demande ; sa femme[6] que nous avons vue à Gapennes est très gentille et très propre ; 2 enfants garçon et fille 5 et 4 ans. Piollé va se perfectionner chez un horticulteur d’Abbeville en attendant notre réponse.

Je suis désolée qu’on vous ait expédié les fruits en gare. Les pommes de terre ne sont-elles pas avec eux ? tu ne parles que de 2 colis. Merci pour le mariage Arnould[7], j’ai envoyé le cadeau et j’en ai encore un à envoyer à Sophie Duval[8] qui se marie Lundi. Je vous embrasse tous trois bien tendrement, me réjouissant d’aller bientôt installer mon nid dans le vôtre, quoique ce soit un peu triste de vider cette vieille maison où se sont écoulées tant de bonnes années.

Émilie


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Hypothèse : Sadla, Société Auxiliaire de l’Alimentation, constituée en 1908 à Paris, sorte de coopérative d’achat de produits d’épicerie.
  3. Bedel, entreprise parisienne de déménagement.
  4. Gaston Piollé.
  5. Gaston Lefebvre, époux de Marguerite Froissart.
  6. Alice Lemaire, épouse de Gaston Piollé et mère de Louis et Albertine Piollé.
  7. Lucy Arnould (1892-1981) épouse Louis de Sainte-Marie le 19 octobre 1912.
  8. Sophie Duval-Arnould épouse Robert Facque le 21octobre 1912.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mercredi 16 octobre 1912. Lettre de Damas Froissart et son épouse Émilie Mertzdorff (Douai), à leur fils Michel Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_16_octobre_1912&oldid=59036 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.