Mercredi 13 avril 1881
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mes lettres à papa après mon mariage.[1]
C’est encore moi, mon Père chéri qui viens frapper à ta porte mais cette fois-ci j’arrive d’un pas bien assuré et si tu me permettais je ferais avec toi un tour de jardin[2] ; le beau soleil et ma fille[3] qui est dehors, m’y invitent, mais il paraît que je dois faire encore pénitence cette semaine et je ne ressusciterai tout à fait que le jour de Pâques. Je suis sûre que tu serais content, mon cher Papa, de voir tes deux filles, la petite et la grande car toutes les deux prospèrent joliment. Jeannette devient bien gentille, ses joues se remplissent, ses 2 mentons se dessinent davantage, et aujourd’hui son papa[4] a constaté avec ta bonne balance qu’elle avait augmenté cette semaine de 315 grammes. J’espère que cette parfaite santé va continuer car me voilà maintenant complètement chargée de mon bébé ; on est venu hier à 5h chercher précipitamment la sœur en voiture pour aller chez son autre dame où les événements marchaient vite ; je l’aie vue partir avec bien du regret car depuis un mois qu’elle ne me quitte pas je m’étais attachée à elle et je lui suis vraiment reconnaissante de la manière si parfaite dont elle m’a soignée ainsi que ma fille.
Comment vas-tu mon Papa chéri ? il me semble qu’il y a bien longtemps que tu es parti et cependant il y a à peine 5 jours ! c’est que depuis ton départ je suis bien plus abandonnée à moi-même ; tante[5] et Émilie[6] viennent cependant presque chaque jour me voir. Aujourd’hui je les attends même pour assez longtemps, il faut que j’en profite avant leur départ.
Je n’ai comme tu vois, mon Père chéri, que bien peu de choses à te dire, mais je voulais t’envoyer au moins mes tendresses et de mes nouvelles et j’ai tenu de plus à ce que ce petit mot informe te parvienne demain 14 Avril, il te portera un petit souvenir de ta fille pour l’anniversaire heureux qu’elle salue pour la première fois et qui est venu si bien couronner et compléter le bonheur de sa vie ; oh ! oui mon Père chéri, je suis bien heureuse et c’est à toi que je dois toutes mes joies.
Adieu mon bon cher Papa, Marcel et moi nous t’embrassons de tout cœur, c’est bien le jour d’unir les amitiés que nous t’envoyons.
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Mention ultérieure de la main de Marie Mertzdorff- de Fréville.
- ↑ Le jardin du pavillon de la rue Cassette.
- ↑ Jeanne de Fréville née le 19 mars 1881.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 13 avril 1881. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_13_avril_1881&oldid=41121 (accédée le 5 octobre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.