Mardi 9 janvier 1872
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Paris)
Mardi 9 Janvier 72
11h ½
Chère bonne Mère,
Nous avons bien reçu Dimanche soir ta bonne lettre nous disant que tu peux nous recevoir ; nous nous réjouissons bien de vous revoir, et de t'embrasser, chère Maman, car nous comprenons combien ton pauvre cœur est triste et a le droit de l'être ; mais tu sais, par amour pour ceux qui restent[2], veiller à toutes choses et t'occuper encore de tout ce qui peut leur être agréable.
Nous venons de faire partir une dépêche vous disant que nous ne vous arriverons pas avant Dimanche et Charles[3] m'a dit de te dire que nous vous préviendrons 2 jours avant notre venue ; ainsi laisse Alfred[4] dans sa chambre, il suffit d'un jour pour faire nos lits. Ceci n'est pas une reculade, nous sommes tout prêts à partir, mais Emilie[5] depuis 2 jours a un peu de dérangement d'intestin et nous voulons que ce soit tout à fait passé pour nous mettre en route, elle a bon appétit ; seulement la pauvre chérie avait de fortes coliques hier, maintenant ça va mieux et j'espère qu'avec la petite potion que nous allons lui donner ça ne reviendra pas et que je pourrai vous récrire Jeudi que nous donnons suite à notre projet de vous arriver Dimanche matin ou Mardi matin.
Comme je vous l'ai écrit par pour la seconde fois depuis que je suis en Alsace nous sommes allés souper hors de chez nous Dimanche, chez les Zurcher à Cernay nous avons ramené Ma belle-sœur et son mari[6] qui nous ont quittés de nouveau ce matin. La journée s'est bien passée, nous avons eu l'oncle Georges à dîner avec la tante[7] mais malheureusement Mme Zaepffel a eu la migraine ; qu'on est heureux de se bien porter et d'être libre de ses mouvements sans payer le lendemain la plus petite fatigue extraordinaire.
Il neige, mais le temps n'est pas froid.
Les petites figures[8] ont souri en entendant les bonnes promesses que tu leur fais de vous trouver tous bien portants et disposés à les bien accueillir, Hortense[9] et Jean[10] feront bien plaisir aux fillettes.
J'ai reçu une aimable lettre de ma tante Target[11] et une de Mme Auguste Duméril[12].
Tu ne pourrais pas admirer de confiance mon écriture comme celle d'Aglaé[13].
Avec la pensée de vous voir bientôt, les idées ne viennent plus au bout de ma plume aussi je termine en vous embrassant tous de cœur comme nous vous aimons
Eugénie M.
Les ouvriers sortent, la neige continue, après dîner nous aurons le maître de musique & puis je ferai des comptes.
Bien des choses à tout le monde
1h La neige continue à tomber et je viens te répéter de ne pas nous attendre avant d'avoir reçu une dépêche de nous vous fixant le jour de notre arrivée. Encore de bonnes amitiés de notre quatuor[14].
EM.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Elle a perdu son plus jeune fils, Julien Desnoyers, en janvier 1871.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ La petite Emilie Mertzdorff.
- ↑ Emilie Mertzdorff et son époux Edgar Zaepffel.
- ↑ Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.
- ↑ Emilie et sa sœur Marie Mertzdorff.
- ↑ La jeune Hortense Duval.
- ↑ Le jeune Jean Dumas.
- ↑ Eléonore Pauline Lebret du Désert, veuve de Louis Ange Guy Target.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Eugénie Desnoyers, son époux Charles Mertzdorff et les fillettes marie et Emilie.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 9 janvier 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_9_janvier_1872&oldid=51615 (accédée le 21 novembre 2024).
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